Rénovation énergétique des logements : quand on consomme plus après travaux

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3 min de lecture  |  Publié le 16/01/2023 sur | Mis à jour le 15/05/23

La simple rénovation des passoires énergétiques est très loin d’entraîner automatiquement une réduction des émissions de GES et des coûts supportés par l’occupant.

Les consommations d’énergie réelles d’un logement sont largement décorrélées de son étiquette énergétique

Parue ce mois de janvier, une étude de Cristina Peñasco et Laura Diaz Anadon de University of Cambridge sur la situation des logements post rénovation thermique tend à démontrer que les économies d’énergie disparaissent la quatrième année après une rénovation.

J’avais pour ma part montré cet effet rebond en 2008 lors d’une recherche pour le PUCA par une enquête auprès de ménages en précarité énergétique révélant que les consommations d’énergie réelles dans un logement sont largement decorrélées de son étiquette énergétique.

Dans le parc ancien, nous avions pu observer des sous consommations ou des surconsommations fortes par rapport à l’étiquette énergétique, une conséquence des usages de l’occupant, mais aussi de l’inadaptation des DPE aux caractéristiques réelles des logements anciens, bâtis avec des matériaux non normés.

A ces décalages s’ajoutaient un “effet de soulagement” associé à l’occupation d’un logement performant, mais surtout le fait que les consommations étaient directement fonction des capacités économiques des ménages plutôt que des caractéristiques du logement.

Nous avions montré que dans une approche globale du budget des ménages modestes, il était souvent plus efficace d’agir sur les abonnements (énergie, communications), sur les tarifs de l’eau, particulièrement inégalitaires. La recherche avait également détaillé le poids très élevé de l’automobile dans la précarité énergétique des ménages périurbains et ruraux contraints à des déplacements importants.

Repenser les métiers au contact des ménages bénéficiaires des aides publiques

Alors faut-il se désoler que des consommations réelles et des émissions réelles fortes puissent être constatées dans des logements “performants”, notamment quant il s’agit de passoires énergétiques rénovées grâce à des budgets publics?

Réjouissons-nous plutôt du confort de vie que ressentent tous ceux qui parviennent enfin à se chauffer… Et privilégions une action sociale et technique sur mesure et globale : en termes d’émissions de GES comme en termes de budget, de localisation et de taille du logement, d’usages, d’alimentation.

En matière d’action publique en direction des ménages à faibles ressources, cela implique, à l’amont de l’automatisme “évaluation énergétique” –> “prescription de travaux”, une écoute et une participation active des ménages bénéficiaires, pour agir sur le ou les éléments les plus déterminants au regard de leurs usages, de leurs moyens, mais aussi de leur confort de vie.

Donc des métiers “au contact” plutôt que des plateformes “à distance”, mais aussi des métiers pluridisciplinaires de pointe, plutôt que des métiers axés sur la thermique de base, une ingénierie axée sur la recherche d’un résultat plutôt que sur la recherche de financements.

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