Pour un urbanisme à l’écoute du besoin des habitants

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4 min de lecture.  |  Publié le 06/02/2023 | Mis à jour le 02/08/23

BAMBA à Clermont-Ferrand, une façon radicale de repenser la ville durable

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Pauline Rivière | leconnecteur.org

J’ai eu l’honneur d’être interviewée par Pauline Rivière, rédactrice en chef chez Le Connecteur qui m’a posé quelques questions au sujet de Villes Vivantes et du projet BAMBA La Grande Plaine : voici quelques passages qui me tiennent à coeur et que je souhaitais vous partager !

La ville que l’on construit actuellement résistera-t-elle à l’épreuve du temps ?

Une ville est à l’image de son développement dans le temps. Les bâtiments sont différents. Modestes, mitoyens, aux façades plus travaillées, plus bourgeoises. C’est cette fabrication pas à pas de la ville qui a permis de créer une vraie mixité. Et c’est aussi ce qui fait le charme des quartiers anciens aux quatre coins du globe.

Après la Seconde Guerre mondiale, en France, nous avons construit des grandes barres d’immeubles que nous sommes déjà en train de détruire. En parallèle, pourtant, des formes urbaines beaucoup plus anciennes résistent aux années et aux changements de mode ! Ce sont des rues habitées à l’échelle de projets individuels. On y retrouve de petits immeubles collectifs, des maisons avec leur coin de jardin, une densité variée et animée.

On peut se demander si la ville que l’on construit actuellement sera celle qui sera prise en photo dans 20 ans. Personnellement, j’ai des doutes.

Une vision de l’urbanisme qui rompt avec l’uniformité dans la typologie des habitats

Il faut comprendre la problématique qui se joue en matière d’urbanisme. D’une part, la pandémie n’a fait que renforcer le désir des Français d’habiter dans des logements avec des espaces extérieurs. Pour ce faire, ils sont prêts à s’éloigner de plusieurs dizaines de kilomètres pour accéder à ce type de propriété. La maison dans les grandes métropoles est devenue inaccessible pour la plupart des habitants.

D’autre part, on développe aujourd’hui les nouveaux quartiers sous forme, de ce que l’on appelle en urbanisme, des macro-lots. Ce sont des immeubles collectifs ou des séries de maisons individuelles groupées.

Le prix est fixé sur la base des revenus moyens des ménages ciblés. Il intègre également les coûts importants que génère la promotion immobilière. Cela entraîne forcément une uniformité dans la typologie des habitats. Cette uniformité ne correspond pas à ce que les Français recherchent dans leur grande majorité.

Bâtir en auto-promotion les villes durables de demain

Nous proposons de nous passer de la promotion immobilière et de bâtir les villes durables de demain. Avec notre approche, les habitants sont les maîtres d’ouvrage de leur habitat. 

Nous avons quatre types d’opérations fondées sur ce principe de l’habitat sur-mesure, construit en auto-promotion par des habitants. 

  • BIMBY, la construction dans les jardins
  • BUNTI, la reconfiguration et la rénovation des bâtiments existants
  • BAMBA, le lot libre et dense
  • BRAMBLE, qui correspond à une forme de densification plus forte où le long d’un axe ou autour d’une centralité importante, les maisons se transforment en immeubles collectifs fins et élancés.

Notre travail consiste à ouvrir les champs des possibilités aux habitants qui portent des projets de maisons individuelles notamment. Si vous proposez à quelqu’un d’acheter un terrain de 200 m2, il sera convaincu que c’est impossible de construire une habitation et d’avoir un espace extérieur avec une si petite superficie. Pourtant, il existe en urbanisme de multiples possibilités pour combiner ces deux besoins.

Produire du logement abordable sur mesure à un coût inférieur à celui de l’offre classique en promotion immobilière

Dans un projet immobilier classique, il y a de nombreux intermédiaires. En conséquence, les budgets modestes sont aujourd’hui obligés soit de s’éloigner du cœur des métropole pour faire bâtir. Sinon, ils restent locataires sans pouvoir accéder à la propriété.

Lorsque nous supprimons le promoteur, nous réalisons ainsi une économie qui de l’ordre de 500€ à 1000€ par m2 construit. C’est ce que l’on appelle l’auto-promotion. C’est la filière courte de production de l’habitat.

Le pari de la densification ne peut se passer de la question de la beauté

Nous voulons rendre la ville, et plus spécialement la maison avec jardin en ville, accessible au plus grand nombre. Les petits salaires doivent pouvoir accéder à la propriété dans les métropoles, à proximité des services, des emplois et des équipements, et ne pas se retrouver excentrés en troisième couronne. 

Je pense qu’il y a également un vrai sujet autour de la beauté des villes. Ce n’est pas une problématique superflue, c’est essentiel. Il est question ici de l’acceptabilité sociale des projets urbains. Il faut qu’ils correspondent au cadre de vie auquel les citoyens aspirent. Nous portons l’idée qu’avec une ingénierie innovante très en amont, on peut concilier impératif écologique avec l’ambition de bâtir une ville qui soit belle et abordable.