En défense des territoires ruraux, des petites villes et des villes moyennes : gardons-nous d’y employer nos référentiels conçus pour les grandes villes

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3 min de lecture.  |  Publié le 11/03/2023 sur | Mis à jour le 11/05/23

J’ai entamé en 2022 une série de points de vue intitulés “En défense des grandes villes denses”, qui s’est conclue par un article, en décembre, dans lequel je posais ouvertement la question de savoir si une métropole comme Bordeaux n’était pas vraiment trop “petite”.

Les grandes villes denses ne sont pas les seules à souffrir de nos utopies

Cette défense me semblait nécessaire du point de vue des intérêts de la France :

  • tant les esprits ont été marqués, pendant et après la crise sanitaire, par un rejet fort des grandes villes et de la densité, alimenté par des fantasmes et des utopies d’un exode vers le rural, depuis démenti dans les faits ;
  • tant les causes profondes de la formations des grandes agglomérations en France, mais également sur tous les continents, me semblaient peu comprises, décrites et débattues, alors qu’elles relèvent de choix concrets que chaque ménage est aujourd’hui amené à faire lorsqu’il décide de déménager, d’emménager, de s’installer et finalement de s’enraciner quelque part ;
  • tant les problèmes de pénurie de logements abordables sont criants dans un certain nombre de grandes métropoles françaises, faisant du logement le budget, mais également la préoccupation majeure d’une grande partie des français.

Je vous propose aujourd’hui d’entamer une deuxième série d’articles, complémentaires à la première, mais qui s’attaque aux mêmes causes : les grandes villes denses ne sont pas les seules à souffrir de nos utopies, de nos fantasmes, de nos slogans, de notre déconnexion de la réalité pratique, pragmatique, concrète, du réel.

Les référentiels conçus pour les grandes villes sont peu adaptés aux villes moyennes et aux territoires ruraux

J’ai co-fondé Villes Vivantes il y a bientôt 10 ans.

Avec nos équipes, nous avons apporté nos services d’étude, de conception et d’opération (avec une compétence toute particulière développée dans le domaine du foncier, de l’habitat, du parc bâti ancien et des dynamiques démographiques) à plus de 200 territoires.

Parmi ceux-ci :

  1. Un très grand nombre de villes moyennes et leurs agglomérations, parties prenantes du plan “Action coeur de ville” lancé en 2018 par le gouvernement.
  2. Un très grand nombre de territoires ruraux et de petites villes, dont certaines parties prenantes du programme “Petites villes de demain” lancé en 2020 par le gouvernement.

Je voudrais aujourd’hui vous partager plusieurs enseignements issus de ces années de terrain, à sillonner toutes les routes de France.

La premier d’entre eux, c’est que nos référentiels, nos modèles conceptuels, économiques et opératoires de développement territorial conçus pour l’urbain sont très peu adaptés aux villes moyennes et aux territoires ruraux (ils génèrent des décalages, des frustrations, des incompréhensions, des erreurs d’aiguillage) alors qu’à l’inverse, les expérimentations développées dans les territoires ruraux et les villes moyennes pourraient, je pense, inspirer le développement des grandes métropoles.

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