Je suis un urbaniste passionné… et très énervé par la situation actuelle de la construction en France, et tout ce qui en découle : la crise du logement et notre incapacité à réaménager notre territoire dans une configuration soutenable.
C’est sur ces mots, bien pesés, que j’ai introduit ma conférence lors de la convention nationale du Pôle Habitat FFB, en cette rentrée difficile de septembre qui voit l’ensemble des filières de la production de la ville traverser des difficultés qui dépassent largement celles de la crise de 2008.
J’y ai développé les idées suivantes :
La crise du logement est un problème qu’il nous faut résoudre. Nous ne devons pas simplement rechercher des pansements, des inspirations et encore moins nous fourvoyer dans des utopies — comme celle d’une maîtrise complète et globale de l’économie du logement par la puissance publique — mais nous concentrer pour dégager les solutions désirables, viables et soutenables, puis les passer à grande échelle.
Nous ne construirons pas ces solutions si nous ne faisons pas l’effort de réenvisager très sérieusement la demande actuelle, qui a changé.
Nous ne pourrons pas répondre correctement à cette demande, et donc financer notre industrie et aménager nos territoires, si nous continuons ce refus d’obstacle dans lequel nous sommes engagés : le refus de la métropolisation et de la littoralisation, c’est-à-dire des dynamiques de regroupement spatial des activités économiques et des populations.
Pour réussir la densification des espaces correspondant aux besoins et aux aspirations des français, tout en augmentant leur intensité végétale, les performances et le confort des logements que nous y proposerons, nous devrons, à l’avenir, ne plus séparer l’urbanisme et la construction en les organisant de façon séquentielle — l’urbanisme, puis la construction — comme nous l’avons fait pendant des décennies d’étalement urbain.
Le produit que nous devons élaborer ensemble, urbanistes et constructeurs, c’est le village et la ville denses, intenses, vivants, qui réduisent les distances pour le plus grand nombre, augmentent les opportunités, l’accès aux équipements, aux services, et permettent des mobilités décarbonnées.
Pour passer les obstacles d’acceptabilité de cette intensification des lieux stratégiques du territoire, nous devrons quitter cette approche exclusivement technique et fonctionnelle du bâtiment, réinvestir dans la beauté, l’identité, la décoration, le plaisir, pour faire à nouveau de nos construction des objets culturels au sens populaire de ce terme : nous devons construire, avec les habitants, des espaces de vie dans lesquels chacun peut se reconnaître.
Enfin, pour clarifier les choses sur la question de la maison individuelle : les Français ne seront pas bien logés tant que nous ne construirons pas à nouveau 200’000 maisons par an, en densification, et non en extension, il va sans dire !
Un grand merci au Pôle Habitat FFB pour cette invitation.