Pas de travail sans logement abordable… et vice-versa ?

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3 min de lecture  |  Publié le 24/05/2023 sur | Mis à jour le 30/05/23

2/5 Mal-logement au Pays basque : pas de travail sans logement – Premium

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Michel Garicoix | placeco.fr

« J’ai trouvé la perle rare, le courant passait bien, les délais collaient et patatras, elle est repartie faute de trouver un logement à des tarifs abordables. »

Relayé par le média local Placéco en mai 2023, voici un témoignage comme on en trouve tant d’autres au Pays Basque depuis les années 2000. Celui-ci émane d’un gérant dépité d’une start-up côtoyant l’industrie des drones.

La démétropolisation tant espérée par certains n’a pas eu lieu…

Les difficultés de recrutement touchent aujourd’hui quasiment tous les secteurs d’activité. Parmi ces difficultés, l’impossibilité d’accéder à un logement abordable relativement proche du lieu d’emploi est rédhibitoire.

Beaucoup d’entre nous espéraient qu’avec la crise sanitaire, un phénomène de démétropolisation s’enclencherait et pourrait initier un mouvement de délocalisation et de déconcentration des emplois, pour une meilleure répartition géographique.

Au contraire, l’exode urbain n’a pas eu lieu, et la métropolisation s’est poursuivie conjointement à la littoralisation.

Quelles conséquences pour le marché du travail ?

À court terme, les lieux dans lesquels les besoins en logement sont criants et causent des dégâts réels pour les entreprises françaises sont donc bien connus mais les employés ne votent pas dans la commune dans laquelle ils travaillent, et la voix des entrepreneurs compte peu — dans tous les cas, moins que celle des riverains — au moment de prendre les décisions sur les autorisations de construire dans ces secteurs tendus.

Pourtant, regrouper emplois et logements dans des lieux denses, intenses, mixtes, vivants et bien desservis constitue une façon simple de diminuer l’empreinte environnementale de nos mobilités quotidiennes, mais aussi d’améliorer le confort de vie de chacun.

Droits à bâtir insuffisants et limites inhérentes à la promotion immobilière

Les raisons communément invoquées comme étant à la source des maux qui affectent le logement en France aujourd’hui sont réelles (résidences secondaires, locations touristiques de courte durée, spéculation sur les prix du foncier et de l’immobilier) mais elles passent à côté des deux causes principales du problème :

  1. Les droits à bâtir dans les secteurs tendus sont très insuffisants au regard de la demande : en 2014 la loi ALUR avait supprimé le COS et le minimum parcellaire pour lever les verrous à la densification des espaces déjà bâtis dans le but de lutter contre l’étalement urbain ; ces outils ont depuis été largement remplacés par d’autres techniques qui interdisent de construire dans les tissus bien situés, sans que cela ne semble plus offusquer personne aujourd’hui, même à l’heure du ZAN ;
  2. Le modèle de la promotion immobilière, auquel les pouvoirs publics recourent presque qu’exclusivement pour bâtir en zones tendues, n’a pas la possibilité, intrinsèquement, de produire une offre abordable en accession, spécialement pour les familles et les actifs.

Et si nous partagions nos jardins pour que les actifs puissent continuer à « faire bâtir » ?

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