Un emploi n’en cache pas forcément un autre – et c’est toute la difficulté des villes moyennes

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2 min de lecture  |  Publié le 04/12/2023 sur | Mis à jour le 17/01/24

Emploi et immobilier : les villes où s’installer pour décrocher un CDI et acheter un logement

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Maxime Gayraud | Leparisien.fr

La relation entre la capacité à trouver un emploi et le choix de sa ville de résidence doit s’apprécier au 2e degré

“Selon une étude de Meilleurtaux et Meteojob, c’est dans les villes moyennes comme Mulhouse, Orléans et Rouen qu’il est le plus facile de trouver un emploi stable et de s’offrir un chez-soi. Au contraire de Paris où l’équation est difficile à résoudre.”

Mulhouse se place ainsi à la première place du classement . Avec un prix moyen de 1886 €/m2 et 6,7 offres d’emploi en CDI pour 100 habitants.

Pour dépasser ce raisonnement un peu trop simple, il faut réaliser que la relation [emploi x choix d’une ville de résidence] doit aujourd’hui s’apprécier au 2e degré, et non seulement au 1er.

Je m’explique :

  • si “un” chez soi peut suffire,
  • “un” emploi stable, en général non, dans le monde du travail actuel, quand bien même ce serait un CDI.

C’est en effet souvent non pas le 1er mais le 2e, ou le 3e emploi, qui sont difficiles à trouver dans les “villes moyennes”.

Ce qu’offrent les “grandes villes” : la possibilité de se retourner en cas de changement de job sans avoir à changer de “chez-soi”

Même dans une “métropole” comme Bordeaux, par exemple, trouver le 2e emploi, si le 1er ne convient pas (ou tout simplement l’emploi du conjoint) est difficile dans beaucoup de branches, car les opportunités n’existent pas en quantités suffisantes.

C’est cette mobilité professionnelle qui s’accroît – le fait que l’on ne passe plus 30 ou 40 années dans une même entreprise – qui explique une partie du phénomène de métropolisation ou de concentration des emplois dans des lieux capables de mettre en relation beaucoup d’emplois avec beaucoup d’employés potentiels : les “grandes villes” offrent la possibilité de se retourner en cas de besoin de changement de job, sans nécessairement changer de “chez soi”, c’est-à-dire en gardant ses amis, ses voisins, ses relations, celles de ses enfants etc.

Autrement dit : nous avons aujourd’hui besoin, pour comprendre la géographie des marchés de l’emploi et son lien avec les prix de l’immobilier, de prendre en compte la profondeur du stock d’opportunités qui s’offre aux employés comme aux employeurs.

Ce que les habitants, les employés et les employeurs, sont prêts à payer cher (en m2 d’immobilier à l’achat ou à la location) à Paris et dans les grandes villes, malgré toutes leurs contraintes, c’est un accès à ce stock, un accès à la profondeur de ce stock, et à la sécurité économique et affective (ne pas avoir besoin de changer de région du jour au lendemain) que cette profondeur garantit.

Et ce choix des acteurs de terrain est rationnel, fondé.

Ce sont nos explications, nos modèles et nos classements qui le sont beaucoup moins !