Les villes ne sont pas des objets comme les autres
Parce qu’elles constituent réalisations humaines les plus ambitieuses qui soient, nous devons sans doute abandonner l’idée de pouvoir fabriquer les villes et les évaluer de façon globale. Nous devons les modéliser, les fabriquer et les tester morceau par morceau, partie par partie.
Tout en recherchant une cohérence d’ensemble et des propriétés émergentes vertueuses. Par quelle méthode, à partir de quels savoirs ?
De quel(s) types de recherche(s) avons-nous besoin en urbanisme ?
Dans l’ordre, je dirais que nous avons besoin :
- de « recherche et développement », c’est-à-dire de développement expérimental : concevoir et tester les prototypes d’opérations, les dispositifs d’action de l’urbanisme du renouvellement urbain afin de cesser de tenter de faire la ville sur la ville avec les outils opérationnels et les modèles économiques de l’urbanisme de l’extension urbaine ;
- de « modélisation systémique », c’est-à-dire d’une approche à la fois qualitative et quantitative permettant de mesurer, décrire, prédire et simuler en intégrant les différentes facettes et dimensions de la fabrique des territoires, dans une approche qui ne sépare plus les sciences du vivant des sciences humaines et sociales ; cela suppose des outils, qui peuvent être communs à d’autres disciplines, et des fondements épistémologiques nouveaux ;
- de « recherche participative » : les habitants seront les co-producteurs du renouvellement des espaces bâtis ; ils seront les porteurs de millions de micro-projets, portés sur des millions de micro-fonciers ; ils seront nécessairement partie prenante des démarches de recherche et développement qui permettront de faire émerger et le stabiliser, les modes opératoires des villes et des territoires de demain.
Les approches réflexives, critiques, et prospectives seront également essentielles mais il me semble urgent et décisif d’investir dans nos moyens d’agir, en vue de construire la France de 2030 et de 2050.