Urbanisation : peut-on refuser aux nouveaux arrivants ce dont on a bénéficié soi-même ?

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2 min de lecture.  |  Publié le 19/04/2024 sur | Mis à jour le 15/05/24

«On ne veut pas être le méga lotissement du bassin d’Arcachon» : un maire de Gironde résiste à l’urbanisation

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Jean Cittone | lefigaro.fr

A Mios, l’urbanisation revêt des airs de catastrophe naturelle

Dans Le Figaro, le maire de la Ville de Mios s’insurge en des termes fleuris contre “l’urbanisation” : « on a pris une vague démographique énorme ».

“Pression foncière”, “urbanisation”, “vague démographique”, “train lancé à grande vitesse qu’on va tout faire pour freiner”,  ou encore “ruée vers l’or” : le maire de Mios ne semble jamais à cours de vocables. L’élu présente sa commune, sa population et lui-même comme les victimes d’une véritable catastrophe naturelle.

Quelle est cette catastrophe ?

Le territoire communal, qui fait 1,3 fois la surface de Paris, et qui compte 260 fois moins de ménages, a accueilli en moyenne 156 ménages par an entre 2009 et 2020 selon l’INSEE.

Des ménages qui ont pu élire domicile dans une commune financièrement plus abordable (plus de 61% de professions intermédiaires, employés et ouvriers à Mios contre moins de 27% à Arcachon).

Une commune où seulement 7% du territoire sont des espaces urbanisés ou à urbaniser, et 93% des espaces naturels, forestiers et agricoles (rapport de présentation du PLU de 2018).

Peut-on refuser aux autres ce dont on bénéficie soi-même ?

Quelle est la fonction des élus et des urbanistes ?

  1. Couper un accès que l’on a soi-même emprunté il y a quelques années ?
  2. Ou structurer le droit des sols et les équipements pour continuer à accueillir ceux dont le parcours de vie a conduit vers le même territoire ?

L’urbanisation, que le maire qualifiait, lors de sa campagne de 2013, de “sauvage et chaotique”, “sans aucune cohérence”, a créé des tissus bâtis relativement aérés, offrant des capacités d’évolution, pour peu que les projets des ménages rencontrent, en lieu et place de déclarations fracassantes et victimaires, une intelligence règlementaire leur permettant de faire évoluer leurs parcelles et leur logements, pour passer d’un tissu de lotissements à un tissu villageois, que les Français apprécient tout autant, et ainsi perpétuer la vocation d’accueil, dans un pays où l’exclusion ne devrait jamais être un étendard de l’urbanisme.

Dans le fond, peut-on se permettre de refuser aux autres ce que l’on s’est accordé à soi-même ?