Stopper l’étalement urbain
Logement : comment bâtir autrement tout en limitant l’étalement urbain ?
résidentiel, c’est possible, si nous coopérons avec les milliers de propriétaires de terrains situés en zone déjà urbanisée… ce qui est, nous l’avons découvert, en réalité aux antipodes de la recherche d’un
changement de comportement
massif pour plus de sobriété foncière.
C’est pour réaliser ce projet —réussir, vraiment, à faire la ville sur la ville
— que nous avons créé Villes Vivantes il y a 12 ans : un nouvel opérateur urbain qui s’est mis en tête d’accélérer de façon radicale la baisse des consommations foncières induites par nos réponses à nos besoins d’habitat.
Villes Vivantes est-elle une entreprise de sobriété ? Dans le fond, bien sûr. Mais pas dans la forme. Dans la pratique, nous n’employons jamais le terme de sobriété
ni avec élus, ni avec les acteurs, ni avec les habitants. On devine aisément pourquoi (faire la morale est rarement aidant…).
Mais pour mieux le comprendre, je vous propose un détour par l’ouvrage La face cachée de la sobriété
que Florent Laroche, chercheur en économie des transports, vient de publier.
L’une des idées qu’il y développe repose sur ce qu’Henry David Thoreau appelle l’appétit : principalement pour la nourriture, dans les sociétés pauvres, puis pour tout un catalogue de biens de consommation dans les sociétés plus riches, dans lesquelles règne l’abondance. Des biens et des services qui, à mesure que notre pouvoir d’achat progresse, deviennent de plus en plus raffinés, éventuellement superflus.
Mais pour lesquels notre faim n’en demande pas moins d’être assouvie.
Florent Laroche nous invite à comprendre comment la sobriété
s’avère vorace
à partir de cette observation toute simple :
– lorsque nous faisons acte de sobriété,
– nous réalisons le plus souvent une économie,
– et cette économie, à moins d’être détruite — ce qui n’arrive jamais — nous permet d’augmenter d’autres consommations que nous réaliserons ailleurs.
La sobriété, parce qu’elle est économe, alimente donc notre consommation. Elle la déplace d’un point A à un point B.
L’approche que nous avons développée chez Villes Vivantes, avec un certain nombre de collectivités et partenaires, ne consiste pas à convaincre les municipalités de devenir plus sobres en foncier (c’est-à-dire à construire plus dense
et plutôt en densification).
Elle ne consiste pas non plus à convaincre les habitants de changer de comportement
en les enjoignant (par des arguments ou une pression morale) à se contenter de moins de foncier.
Notre approche consiste à tenter de rendre obsolète l’étalement urbain : c’est-à-dire à faire en sorte que notre appétit :
> ne soit pas plus contraint par la sobriété foncière (il irait, dans ce cas, faire acte de voracité ailleurs),
> mais soit mieux comblé, grâce à notre art de la densification douce
La densification douce : mode d’emploi
, par des fonciers plus petits et mieux situés.
Lindy