Travailler pour rester locataire toute sa vie : quelles perspectives pour la jeunesse ?
En Grande Bretagne et aux Etats-Unis, la proportion de jeunes (18-34 ans) qui vivent avec leurs parents explose.
Dans le contexte tendu des échanges avec les syndicats du monde paysan, une nouvelle polémique a éclaté fin février 2024, au plus haut niveau. Le journal La Marseillaise a attribué à Emmanuel Macron des propos pour le moins cinglants à l’égard des ménages à faibles revenus. « Les smicards préfèrent téléphones et abonnements VOD plutôt qu’une alimentation plus saine », pouvait-on ainsi lire en une du journal.
Or la hausse des dépenses des ménages au poste logement n’est pas tant due aux « abonnements VOD » ou aux « écrans plats » qu’à notre besoin, et à notre volonté, d’habiter dans des lieux qui donnent, physiquement, accès au vaste panel d’opportunités du monde réel : les emplois, les équipements, les services, la culture et le cadre de vie.
Ne plus effectuer toute une carrière chez le même employeur, pouvoir changer d’emploi plusieurs fois dans une vie sans avoir à déménager et abandonner ses relations sociales fréquemment, suppose de pouvoir vivre dans un lieu qui donne aisément accès à un nombre bien plus important d’opportunités professionnelles qu’hier.
Cet accès physique se retrouve dans le budget transport des ménages, mais aussi et surtout dans le budget logement, à travers l’emplacement du logement, que l’on paye en même temps que son logement.
Colossal : près de 46% des dépenses des ménages Français sont aujourd’hui affectées au logement et au transport, c’est-à-dire finalement, à l’urbanisme.
46% des dépenses en 2021 pour le logement et le transport, contre seulement 31% il y a 60 ans, c’est 15 points de plus : une augmentation de 50% du poids des dépenses liées, essentiellement, à l’usage physique et quotidien du territoire dans lequel nous vivons.
Certes ces dépenses incluent le chauffage et l’éclairage, ainsi que l’équipement de la maison qui ont considérablement progressé, mais elles incluent surtout, de façon décisive l’emplacement du logement, qui explique une très large partie de sa valeur aujourd’hui (seul 6% du territoire français connaît des prix immobiliers dans l’ancien supérieurs à 3300€/m2).
C’est la trop grande rareté des logements disponibles dans des emplacements « de qualité » (qui nous donnent aisément accès à ce dont nous avons besoin) qui fait, en grande partie, monter les prix consentis par les ménages pour se loger.
Et c’est l’urbanisme qui en est la cause.
Voici pourquoi il est urgent de renverser la perspective de cette discipline en l’envisageant :
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