« Qu’ils aillent se loger ailleurs ! »

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Publié le 30/09/24
Mis à jour le 05/03/25
3min de lecture
 « Qu’ils aillent se loger ailleurs ! »
@annebellemain | Twitter.com

Nouvelle victoire du NIMBY Not In My BackYard (NIMBY) Not In My BackYard (NIMBY)  : 66% de logements en moins !

Ainsi, à Rosny-sous-Bois, qui s’apprête à accueillir une gare du Grand Paris Express en 2030, on célèbre la sobriété immobilière, sur les panneaux publicitaires de la ville, en pleine crise du logement :

Moins c’est mieux, enfin surtout à côté de chez moi

Nous sommes en zone A (au sens du zonage Pinel) c’est-à-dire en zone tendue (env. 4’000 €/m² dans l’ancien), le PS a fait 48% au 1er tour des dernières législatives puis 73% au second tour, et le maire élu est divers droite.

Autrefois réservé aux communes les plus huppées, voici donc que le phénomène NIMBY Crise du logement : il nous faudra choisir entre le NIMBY et le ZAN Crise du logement : il nous faudra choisir entre le NIMBY et le ZAN est désormais complètement généralisé et décomplexé dans notre beau pays, progressant à une vitesse fulgurante dans tous les secteurs tendus du territoire national quelle que soit leur couleur politique.

Le SDES révélait d’ailleurs, il y a quelques jours, que l’efficacité foncière progressait partout en France sauf dans ces territoires tendus Le NIMBY contre l’efficacité foncière ? Le NIMBY contre l’efficacité foncière ?

C’est donc à l’échelon municipal que cet égoïsme territorial du NIMBY se déploie en toute quiétude, dissimulé dans un cheval de Troie à trois têtes :

  • Une écologie superficielle : planter des arbres plutôt que construire de nouveaux logements, plus de nature et moins de béton — comme si ces politiques étaient contradictoires.
  • Un urbanisme de la sobriété (construire moins c’est mieux) qui procède, à y regarder de près, à un immense dévoiement des outils du code de l’urbanisme pour servir les intérêts particuliers des personnes qui sont déjà là, des bien logés pour reprendre le mot d’Emmanuelle Cosse, qui ont intérêt, pour la valorisation patrimoniale de leurs biens, à ce que l’on construise moins et que l’on renforce la pénurie En Californie, le NIMBY est une forme de ségrégation sociale En Californie, le NIMBY est une forme de ségrégation sociale .
  • Un aménagement du territoire dans le doute : la rhétorique récurrente des logements vacants disponibles ailleurs dans le pays, dans les territoires en décroissance, dédouane trop facilement les territoires tendus, et a fortiori ceux dans lesquels des efforts significatifs sont réalisés en matière de transport en commun, de leur devoir de répondre aux besoins légitimes qui s’expriment chez eux L’éléphant dans la pièce : la géographie de l’emploi L’éléphant dans la pièce : la géographie de l’emploi .

C’est presque toute la France des secteurs tendus, finalement, qui nous dit, à l’échelle de chaque commune :

Allez vous loger ailleurs !

Or cette France tendue est aussi celle des emplois, des services, des transports en commun efficace, de l’accès à la culture, aux équipements.

On entend bien sûr des gens nous expliquer qu’avec une vraie politique d’aménagement du territoire toutes ces aménités que recherchent les habitants pourraient être mieux réparties sur le territoire.

Mais, vous remarquerez, la plupart des personnes qui s’expriment ainsi ont, elles-mêmes déjà, une place au soleil dans ces zones tendues, avec 1 voire 2 logements dans les endroits stratégiques du territoire.

Étonnamment, aucune d’elles n’est prête à laisser sa place.

Et vous ?

On attend beaucoup de l’État pour résoudre cette crise du logement et l’arrivée d’un Ministre du Logement de plein exercice en la personne de Valérie Létard suscite beaucoup d’espoirs.

Mais il nous faudra bien, aussi, accepter de regarder la réalité locale en face : là où les projets sont viables, et finançables, car ils répondent à une demande forte, ils sont bien souvent bloqués par des équipes municipales qui cèdent aux pressions de certains riverains, souvent minoritaires, mais organisés et influents :

  1. Par des règlements d’urbanisme intentionnellement élaborés pour empêcher les projets d’évolution du tissu urbain constitué, c’est-à-dire la densification, le renouvellement de la ville sur la ville, la politique qui permet en retour de préserver les terres naturelles et agricoles à l’extérieur des villes, celle qui permet de rendre plus efficaces les transport en commun et de favoriser la marche La ville dense est celle où l’on marche le plus La ville dense est celle où l’on marche le plus et l’usage du vélo ;
  2. Par une application de ces règlements en deçà de ce qu’ils permettent, c’est-à-dire en exigeant des opérateurs qu’ils construisent moins que ce que le règlement autorise.
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