Sobriété ou prodigalité ?

Perspectives
Publié le 28/02/25
Mis à jour le 07/03/25
3min de lecture
Sobriété ou prodigalité ?
Rodez | rodez-tourisme.fr

 Et si l’effet rebond Urbanisme organique : des effets rebonds positifs ? Urbanisme organique : des effets rebonds positifs ? n’existait pas ? 

C’est le cri d’espoir lancé, il y a quelques semaines, par l’excellent Guillaume Meunier, spécialiste des stratégies de décarbonation du secteur du bâtiment (dont je vous invite à suivre les posts régulièrement éclairants).

Les études réalisées dans différents pays montrent en effet que les personnes se chauffent plus après travaux et que les consommations ne baissent que faiblement… (sauf quand les prix de l’énergie montent et que les ménages sont modestes)

En cause, donc, ce mécanisme simple : les économies réalisées sont dépensées autrement.

Je ne crois pas, comme Guillaume Meunier, que cet effet rebond négatif soit une fatalité. Nous devrions mieux en comprendre les mécanismes pour parvenir à le contourner. Et peut-être même, tenter de mettre ces mécanismes dans le sens des politiques que nous portons.

En sommes, je pense qu’il existe des effets rebonds positifs qui, comme ils nous heurtent moins, passent inaperçus.

Si nous nous focalisons sur des économies, donc des réductions, nous savons ce que nous supprimons mais nous oublions ce que nous consommons grâce à ces économies.

Au contraire, nous pouvons focaliser notre attention non pas sur les économies, mais sur les dépenses vertueuses.

– S’il existe une sobriété  vorace , comme l’explique l’économiste des transports Florent Laroche, alors l’inverse est vrai également.

– Il existe une prodigalité tempérante : des consommations qui nous comblent et dont le coût est élevé — ce qui réduit notre capacité à consommer sur d’autres postes…

Nous pourrions donc :

– non pas en nous efforcer de faire acte de sobriété sur ce qui est  mal  (émetteur de CO2 par exemple)

– mais en nous efforçant de faire acte de générosité ou de prodigalité sur ce qui est  bon  (peu émetteur de CO2 par exemple).

Je prenais hier le cas de l’emplacement d’un logement : à Paris, on le paye autour de 7’000€ pour chaque mètre carré de logement que l’on acquière. C’est une petite fortune… Pour quelque chose

– qui est en grande partie immatériel : la possibilité d’être au centre, d’avoir accès très aisément à un nombre innombrable d’opportunités,

– qui vous donne accès au meilleur système de transport en commun du pays et qui permet de se déplacer au quotidien sans voiture,

– qui vous oblige à réduire la surface de votre logement, et donc vos consommations de chauffage par personne.

Plutôt que de chercher à nous restreindre (en oubliant les dépenses que nous financeront ensuite grâce à ces économies …) ne devrions-nous donc pas :

1 – créer les conditions qui nous permettent d’effectuer des consommations généreusement stratégiques — c’est-à-dire aux effets rebonds positifs,

2 – et valoriser la prodigalité, la générosité environnementales plutôt qu’une sorte d’ascétisme moral qui, dans une société riche, est un large pourvoyeur d’effets rebonds négatifs et donc de déceptions ?

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