Je poursuis ma découverte du travail de Thierry Lechanteur (et j’en profite pour prolonger la discussion sur les ouvertures de nos bâtiments).
Thierry revendique un maximalisme joyeux
.
La couleur saturée, l’accumulation généreuse, l’ornementation assumée. Non comme décoration naïve, mais comme résistance contre une certaine tyrannie du sobre qui confond austérité et sophistication. Mon travail s’adresse à ceux qu’on accuse denous dit-il.troptrop de couleur, trop de vie, trop de présence
Voici une de ses compositions.
Comme celle que je vous ai montrée dans l’article précédent (qui illustre à merveille tout ce qu’une simple entrée peu avoir de séduisant
L’invitation tacite : pourquoi certaines entrées nous attirent… et pourquoi il est difficile de les créer
) nous voici face à une sorte d’idéal-type de la fenêtre… une fenêtre si resplendissante, accueillante et attirante que nous n’aurions jamais osé en rêver.
Malgré ce maximalisme assumé, elle illustre très précisément le coeur très simple du pattern 180 WINDOW PLACE
formulé par Christopher Alexander et al. (en 1977) dans le fameux recueil A Pattern Language
1.
En voici une traduction ; et je vous laisse juge.
Tout le monde aime les banquettes sous les fenêtres, les bow-windows, les grandes fenêtres avec assises et fauteuils confortables approchés sous la lumière.
On peut aisément considérer que de tels endroits sont un luxe que l’on ne peut plus construire, et que nous n’avons plus la chance de pouvoir nous offrir.
En réalité, il s’agit d’une question importante.
Ces fenêtres créent des lieux
, et ces lieux sont nécessaires. Car les pièces de vie qui sont dépourvues de tels lieux permettent rarement de s’y sentir pleinement à l’aise, confortablement installé…
Voici pourquoi.
Lorsque ce type de lieu fenêtre
est absent, nous sommes tiraillés entre deux aspirations contradictoires :
- Nous souhaitons nous s’asseoir de façon confortable.
- Mais nous sommes attirés par la lumière.
Évidemment, si les endroits les plus confortables — ceux où l’on souhaite naturellement s’installer — sont éloignés des fenêtres, il est impossible de résoudre cette contradiction.
A l’inverse, quand cette contradiction est résolue, nous le ressentons profondément.
C’est la raison de notre amour pour les lieux fenêtres
, qui ne sont donc pas un luxe, mais une réponse à un besoin organique.
Essentiellement, un lieu
est un espace partiellement enclos, identifiable, à l’intérieur d’une pièce.
Un bow-window.
Une banquette de fenêtre, plus modeste.
Un appui bas, très simple.
Une alcôve vitrée, presque comme un jardin d’hiver, ou une petite véranda.
Toute fenêtre donnant sur une vue agréable peut devenir un lieu fenêtre
.
A condition d’être pensée comme un espace, un volume, et non simplement traitée comme un trou dans un mur.
Merci Thierry Lechanteur de nous rappeler cette vérité toute simple, dans sa version rêvée.
Notes :
- Alexander, C. (1977). A pattern language: Towns, buildings, construction. New York, NY : Oxford University Press.













