Ou pourquoi nos quartiers neufs sont-ils (presque) toujours des échec ?
Il ne vous est jamais arrivé de vous demander :
Ce bâtiment est presque neuf et il y a déjà ces coulures noires sur le crépi, mais comment-est-ce possible ?
Cela fait 5 ans que ces bâtiments sont sortis de terre, pourquoi ces locaux commerciaux restent-ils désespérément vides alors que la densité et la desserte sont là ?
On n’est qu’en avril, il fait 20 degrés dehors, comment ce bâtiment tout neuf peut-il se comporter comme une fournaise ?
On vient de mettre des dizaines de millions d’euros dans la rénovation des espaces publics autour de la gare, pourquoi n’y a-t-il quasiment personne qui s’attarde, qui flâne, qui en profite… ?
On répond le plus souvent :
- erreur de conception, manque de coordination,
- absence de prise en compte des usages, défaut d’exploitation,
- la faute à l’architecte, qui n’en a fait qu’à sa tête,
- mauvaise programmation, maîtrise d’ouvrage absente,
- budget beaucoup trop serré, pour faire de la qualité il faut du temps et des moyens,
- images de concours trompeuses…
Pour y remédier :
- On prends des AMO en plus, des consultants ceci et cela,
- On imagine des normes plus sophistiquées,
- On allonge les budgets en ponctionnant dans la caisse,
- On se rassure en se taisant, on se voile la face.
- Et on ne progresse pas.
Mais pourquoi ?
Comment des professions entières peuvent-elles autant se voiler la face, pendant des décennies ?
Comment nos rues neuves peuvent-elles demeurer aussi stériles, encore et toujours ? Malgré les milliers que nous avons bâties ?
La réponse est simple : nous attendons du projet ce que seul l’apprentissage peut prodiguer
Nous confondons conception et apprentissage.
La différence ?
- Un projet repart de zéro à chaque fois.
- L’apprentissage est une répétition humble, patiente, cumulative, qui progresse en corrigeant les erreurs, vérifie, stabilise et transmet.
A la base de tout art, de toute science, de tout programme de recherche & développement, il y a une boucle d’apprentissage qui confronte nos intentions au réel à travers des tests.
Nos villes ont toujours été de grands systèmes d’apprentissage distribués, opérant des milliers de tests sur le temps long.
Ma thèse est la suivante :
Le test & learn
de nos villes a cessé de l’être le jour où nous avons cédé à ces 7 pêchés capitaux
:
- Se contenter de se conformer à une norme (≠ tester)
- Simuler sans mesurer (≠ tester)
- Croire réinventer (≠ tester)
- Chercher à standardiser (≠tester)
- Faire le bien (≠tester)
- Echapper aux conséquences de ses erreurs (≠ tester)
- Miser sur le bon sens collectif ou le génie individuel (≠ tester)
Ces mécanismes produisent notre ignorance : je vous propose de les examiner un par un dans les jours qui viennent.














