Les murs végétaux au secours de notre confort thermique

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5 min de lecture  |  Publié le 06/09/24

John Moeses Bauan | Unsplash

La végétation en ville, c’est un fait entendu, a de nombreuses vertus parmi lesquelles celle de contribuer à adapter nos villes aux évolutions des conditions climatiques. Au-delà l’ombre, en plus de celle des bâtiments, les végétaux permettent de refroidir l’atmosphère par évapotranspiration et contribuent ainsi à lutter contre les îlots de chaleur urbains. Face à ce constat, le réflexe de nombre de municipalités a principalement été de planter des arbres – et notamment des grands arbres à grand développement ; solution qui n’est pas sans poser quelques difficultés liées à l’espace nécessaire à ce type de végétaux, en sous-sol comme en surface, à leur approvisionnement en eau et, plus prosaïquement, à leur coût, à la plantation mais aussi en termes de maintenance.

Il existe pourtant une alternative qui, outre ses qualités esthétiques, suscite de plus en plus l’intérêt de la recherche en matière de confort thermique : la végétalisation des façades avec, notamment, des plantes grimpantes comme le lierre ou la vigne-vierge. Ces végétaux ont plusieurs avantage par rapport aux arbres en milieu urbains :

  • Ils sont peu gourmands en espace et simple à mettre en œuvre : les campagnes de végétalisation en pieds de façades conduites par des villes comme Bordeaux, par exemple, consiste à installer des plantes grimpantes dans des carottage de 15cm de diamètre, réalisés directement dans le trottoir ;
  • Ils n’ont pas besoin de mètres cubes d’eau en période chaude, les 2 à 3 premières années de leur vie, pour survivre : les plantes grimpantes sont plantées jeunes, elles vont donc trouver elles-mêmes leur sols et leurs ressources en eau pour garantir leur survie et leur croissance après avoir été suivie en arrosage la première années. Rien à voir avec les arbres qui, après des années de culture en pépinières, ont besoin d’apports importants en eau pour survivre et redéployer un réseau racinaire qui assure leur autonomie. Ne pas disposer d’un arrosage abondant et régulier en période chaude est fatal pour un arbre transplanté en milieu urbain dans les deux ou trois premières années après sa plantation.
  • La création de façades végétalisées par les plantes grimpantes a également un grand avantage : celui d’être peu coûteux à l’installation comme à la maintenance par rapport à d’autres solutions plus techniques et qui ne donnent pas toujours de bons résultats.
  • Le couvert végétal des plantes grimpantes possède la propriété de réduire la température de surface des bâtiments et s’adapte même, dans le cas de la vigne-vierge, au rythme des saisons en perdant leur feuillage en automne.

Des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles avaient déjà démontré 1qu’une végétation en façade d’une épaisseur d’environ 30 cm était capable de réduire la température du mur à la température ambiante, annulant l’accumulation de chaleur due au rayonnement solaire et permettant de limiter la restitution des calories la nuit en période de forte chaleur. En début d’année, deux chercheurs de la Toronto Metropolitan University ont confirmé ces résultats2 en étudiant plus spécifiquement les effets de la vigne-vierge à trois pointes (Parthenocissus tricuspidata) sur les murs en blocs de grès gris d’un bâtiment de l’université.

Pendant 6 mois, de début mai à fin octobre, et toutes les 15 minutes, 40 capteurs ont enregistré les températures de surface en différents points deux deux murs — l’un orienté au sud et l’autre à l’ouest — afin d’évaluer l’impact de cette couverture végétale en fonction des orientations. Sur chaque mur, 12 capteurs mesuraient la température des surfaces situées dans l’ombre de la vigne-vierge, 6 faisaient de même sur les zones non-couvertes et les 2 restants mesuraient la température ambiante. Les résultats parlent d’eux-mêmes : durant les périodes de pointe d’ensoleillement, la présence de vigne-vierge réduit la température des murs de 6.5 °C sur les murs exposés au sud et 7 °C pour les façades orientées à l’ouest. Les façades végétalisées, concluent les auteurs, peuvent compléter la plantation d’arbres à mesure que les villes deviennent plus chaudes en raison du changement climatique et que l’espace pour la croissance des arbres diminue avec la densification urbaine.

Les murs du bâti jouent eux-mêmes un rôle clé pour le confort thermique en milieu urbain : l’ombre qu’ils génèrent est une composante décisive dans la lutte en faveur des îlots de fraîcheur. Si, en plus de créer une ombre précieuse, les murs accueillent une végétation qui leur permet de réguler leur propre température, le bâti lui-même pourrait être une composante clé du confort thermique dans nos villes.

Et en plus de l’espace privé, cette végétalisation des murs est aussi l’occasion d’embellir l’espace public. C’est le cas, par exemple, de l’initiative de l’association Mare Nostrum, à Montpellier, qui a mobilisé les habitants pour végétaliser les façades sur rue. En une dizaine d’année c’est tout un cadre de vie qui s’est transformé : en plus du confort thermique, notamment en période estivale, la rue devient un jardin luxuriant peuplé d’oiseaux et de papillons — ce qui n’est pas sans avoir des effets positifs sur la valeur des biens concernés.


Notes :

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