La densité urbaine impacte peu la croissance des arbres

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3 min de lecture.  |  Publié le 19/09/24

John Rusk | Wikimedia

Une étude australienne conclut, de façon contre-intuitive, que la densité urbaine a très peu d’impact sur la croissance des arbres et le développement de leur canopée.

Les végétaux et notamment les arbres sont un élément clé de nos cadres de vie urbains. Ils permettent de lutter contre les îlots de chaleur, purifient l’air, protège les sols de l’érosion, contribuent à l’infiltration des eaux de pluies, participent à la préservation de la biodiversité, ont un impact non négligeable sur notre santé et le simple fait de les entretenir contribue au bien-être des jardiniers. Mais l’inverse est-il vrai ? Un arbre implanté en milieu urbain dense a-t’il autant de chances de survivre et de se développer normalement que ceux qui prospèrent dans des tissus urbains peu denses ? L’intuition nous porterait à croire que non, mais une étude australienne1 invite à remettre cet a priori en question.

Trois chercheurs de l’université de Melbourne ont sélectionné trois essences persistantes indigènes qui présentent divers degrés de vulnérabilité aux conditions climatiques — Le gommier jaune (Eucalyptus leucoxylon), le mélaleuque à feuilles linéaires (Melaleuca linariifolia) et le Queenland brush boc (Lophostemon confertus) — et ont suivi, entre 2009 et 2020, le développement des canopées de 6’646 de ces arbres en fonction de la densité urbaine du milieu dans lequel ils étaient implantés. L’étude a été réalisée à Merri-bek, dans l’agglomération de Melbourne, qui a été choisie pour son gradient d’urbanisation très marqué, que ce soit en termes de surfaces imperméabilisées ou de densité de population.

Leur hypothèse de départ était la suivante : le développement des arbres en milieu urbain devrait se dégrader à mesure qu’ils se trouve dans une forme urbaine dense, celle-ci présentant une plus grande quantité de surfaces imperméables (limitant l’infiltration de l’eau et donc son accès pour les végétaux), moins d’espace pour le développement des canopées et des sols plus compactés et donc moins propices à l’exploration racinaire.

L’analyse de 10 années de croissance et de développement abouti à la conclusion — différente de l’hypothèse initiale — que la densité et la forme urbaine ont très peu d’impact sur la croissance des arbres et l’expansion de leur canopée et ce, quelle que soit la sensibilité des essences aux conditions climatiques de leur milieu de culture (notamment la disponibilité en eau).

L’intérêt de ce résultat tient à ce qu’il tend à éliminer une hypothèse quant aux conditions qui favorisent le développement des arbres en ville : construire plus en secteur déjà bâti, c’est-à-dire densifier, n’est pas défavorable à la croissance des arbres en milieu urbain, et donc au développement de la canopée urbaine.

Voici une nouvelle brique de connaissance qui nous confirme, comme plusieurs autres, que nous ne devrions pas opposer — malgré le fait que cette opposition ait l’air d’aller de soi — les stratégies d’accueil de population et de densification de l’espace bâti avec les stratégies de renforcement de la biodiversité et de la présence de la nature en ville.

Ces briques nous invitent à approfondir notre compréhension de l’écosystème urbain et à concevoir des stratégies alliant le bâti et le végétal pour faire progresser les tissus urbains existants vers des états plus denses en habitat, et en même temps plus denses en végétation, c’est-à-dire des états plus à même de répondre aux besoins et aux enjeux contemporains.


Notes :

  1. Xichan Ren, Patricia R. Torquato, Stefan K. Arndt, Urban density does not impact tree growth and canopy cover in native species in Melbourne, Australia, Urban Forestry & Urban Greening, Volume 81, mars 2023, 127860
    https://doi.org/10.1016/j.ufug.2023.127860