J’ai eu l’honneur d’intervenir lors de la conférence organisée par l’Association Internationale des Maires Francophones sur le réenchantement des villes.
Aux côté de Vo Lê Nhat, maire de Hué, Grégoire Junod, maire de Lausanne, Arnaud Ngatcha adjoint à Paris, Françoise Nthepe, Franck Boutté et Ingrid Nappi, j’ai proposé un axe de travail en 3 volets :
Le concept d’intensification stratégique
- Le concept d’intensification stratégique nous invite à envisager le développement de nos territoires habités comme un réseaux de nœuds denses et connectés les uns aux autres : c’est aujourd’hui notre meilleur guide pour dessiner le plan de nos villes.
- On observe pourtant aujourd’hui, en Europe, de nombreux maires qui se félicitent de parvenir à faire baisser drastiquement les volumes de constructions dans des villes qui, pourtant, continuent de bénéficier d’investissements importants dans des transports en commun puissants et efficaces.
- Nous avons donc un chantier devant nous de reconstruction d’un consensus fort autour des bénéfices de la densité urbaine.
Malmenée depuis la crise sanitaire, la densité est pourtant un ingrédient fondamental :
- de la préservation des terres naturelles et agricoles (land sparing),
- du développement des mobilités douces et actives (et donc de la décarbonation de nos modes de vie),
- d’un modèle économique soutenable pour nos infrastructures, nos équipements services et espaces publics.
Nous devons démontrer à nouveau, par l’histoire des villes et nos projets contemporains, que l’augmentation de la densité humaine, de la densité bâtie, peut aller de pair avec le retour du végétal et de l’eau en ville.
Ceux qui cherchent à opposer ces actions le font pour des raisons que le maire de Lausanne a rappelées : invoquer la nature pour ne pas densifier c’est, en réalité, chercher un prétexte pour ne pas accueillir là où l’on vit soi-même.
L’urbanisme organique
Entre l’informel, qui domine dans les régions en très forte croissance démographique, et l’hyperformel (grandes opérations de promotion immobilière + hyper réglementations qui figent l’existant), existe la voie de l’urbanisme organique :
- la puissance publique investit dans des infrastructures, des équipements et des espaces publics sur le long terme,
- une partie significative des bâtiments, notamment résidentiels, se fait à maîtrise d’ouvrage habitante.
On réduit les coûts, la granularité du tissu urbain s’affine, la mixité sociale augmente et la ville devient un grand processus collectif de transformation et d’intensification progressive, stratégique, urbanistiquement piloté.
La beauté en ville
Nous gagnerons enfin à créer les conditions pour qu’émane à nouveau une beauté puissante, vibrante et populaire du développement urbain.
Le rôle des habitants est, ici aussi, fondamental, comme le montrent les réussites à la fois extraordinaires et banales des tissus urbains évolutifs et adaptatifs de certaines villes asiatiques qui nous montrent la voie.