Comment faire en sorte que nos jardins stockent du carbone plutôt que d’en émettre ?

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3 min de lecture.  |  Publié le 29/04/2024 sur | Mis à jour le 07/05/24

Eviter l’émission de 4 614 tonnes eq CO2 par an à Angers en agissant sur les espaces verts et leur maintenance ?

Le sol est un milieu vivant, comme nous il respire.
La température agit sur la respiration du sol : plus celle-ci augmente, plus son activité biologique s’intensifie et moins il est en capacité de jouer son rôle de “puits de carbone”.

Dans leur article “Soil CO2, CH4 and N2O fluxes in urban forests, treed and open lawns in Angers, France”, Künnemann et al.1 ont évalué l’impact de différents types d’espaces verts et de leurs modes de maintenance sur leurs niveaux d’émissions de gaz à effet de serre en milieux urbains en climat tempéré.

Leur protocole de recherche s’est basé sur la mesure de la respiration du sol sur 27 sites (3 boisements urbains, 12 pelouses arborées et 12 pelouses ouvertes), dans 15 espaces verts de la ville d’Angers.

Les émissions de CO2 (dioxyde de carbone), CH4 (méthane) et N2O (oxyde nitreux) issues de la respiration du sol ont été mesurées d’avril à juillet pour échantillonner sur la période d’activité végétale, et en mars et novembre pour échantillonner sur la période de repos végétatif.

A partir de ces données de terrain et de la quantification des types d’espaces verts à l’échelle de la ville, l’équipe de chercheurs a modélisé les émissions de gaz à effet de serre des 960 Ha d’espaces verts d’Angers :

  • 551 Ha de pelouses ouvertes (57%) émettent 12 645 T eq CO2 (23 T eq CO2/an/Ha)
  • 184 Ha de pelouses arborées (20%) émettent 2682 T eq CO2 (14,5 T eq CO2/an/Ha)
  • 225 Ha de boisements urbains (23%) émettent 2 555 T eq CO2 (T eq CO2/an/Ha)

Adapter la taille des jardins pour limiter les pelouses ouvertes et rendre possible un jardinage intense et respectueux de l’environnement

Les chercheurs pointent plusieurs enseignements de leurs travaux :

  • La présence d’arbres limite de 34% la respiration du sol en saison végétative dans les pelouses arborées par rapport aux pelouses ouvertes,
  • La limitation de la respiration du sol dans les boisements urbains (-50% par rapport aux pelouses ouvertes) ne tient pas qu’à la baisse de température due à l’ombre des arbres : les propriétés biochimiques spécifiques aux sols des boisements et l’effet de la couche de litière organique en surface, qui crée un effet “isolant”, sont pointés.
  • Les pelouses sont de piètres puits de méthane et, lorsqu’elles sont irriguées, elles peuvent même devenir émettrices de méthane.
  • L’irrigation des pelouses est également identifiée comme facteur d’émission d’oxyde nitreux.

Les chercheurs évaluent que la plantation d’arbres dans les pelouses ouvertes de la Ville d’Angers permettrait d’éviter l’émission de 4 614 T eq CO2 par an.

Leurs travaux nous donnent surtout des pistes à explorer et à mettre en pratique : ombrager nos jardins (par les arbres comme par les bâtiments), limiter les pelouses ouvertes, planter plus d’arbres, protéger les sols avec la litière organique, adapter la taille des jardins pour rendre possible un jardinage intense et respectueux de l’environnement, …  autant de clés pour permettre aux sols de nos jardins de jouer leur rôle pour réduire nos émissions.


  1. Künnemann, T., Cannavo, P., Guérin, V. et al. Soil CO2, CH4 and N2O fluxes in open lawns, treed lawns and urban woodlands in Angers, France. Urban Ecosyst 26, 1659–1672 (2023). https://doi.org/10.1007/s11252-023-01407-y ↩︎