Les leçons des jardins secs japonais en matière de confort thermique

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3 min de lecture.  |  Publié le 11/09/24

pepe nero | unsplash.com

Au sens strict du terme, le jardin sec japonais (karesansui, lit. paysage sec) est constitué de sable, de graviers, de rochers et de mousse. C’est en principe une partie bien définie du jardin : les autres formes de végétation se trouvant aux alentours. Une étude1 récemment publiée par deux chercheurs japonais s’est intéressée aux techniques utilisées autrefois pour concevoir des jardins secs qui, dans un climat chaud et humide, offrent un environnement thermique confortable à leurs visiteurs.

Sur la base d’une étude approfondie de quatre jardins anciens de Kyoto (créés au XVIe ou au XVIIe siècle), situés en milieu urbain dense et d’une superficie comprise entre 240 et 1’440 m², les auteurs évaluent les effets de ces configurations traditionnelles sur le confort ressenti dans les engawas, les vérandas en bois qui séparent l’intérieur proprement dit du jardin et servent de lieux de repos. Leurs principales conclusions sont les suivantes :

  • Le confort thermique n’est pas lié à la taille du jardin. En revanche, en été, l’ombre du bâti est le premier facteur d’amélioration de la perception thermique et ce, d’autant plus qu’il est situé à proximité des zones de repos.
  • La couverture végétale environnante vient encore améliorer le confort thermique des engawas ; cet effet est d’autant plus efficace qu’elle est importante mais la proximité des végétaux n’est pas un élément crucial.
  • Troisième éléments qui contribue au confort thermique : l’usage de matériaux clairs qui offrent une résistance à la surchauffe, notamment le gravier blanc, disposé en couche épaisse (5cm) qui présente en outre l’avantage de maintenir la perméabilité du sol.

Les jardins secs japonais semblent donc être le fruit d’un long processus d’optimisation au cours duquel les jardiniers japonais ont cherché à conjuguer une recherche d’esthétisme avec des stratégies d’adaptation à un climat chaud et humide. Ne disposant pas de nos méthodes modernes, ils ont sans doute procédé par essai et erreur, sélectionnant les stratégies et les combinaisons de stratégies qui, en termes de ressenti, donnent les meilleurs résultats.

À l’heure où nous devons préparer nos villes à l’évolution des conditions climatiques, ces enseignements ne demandent qu’à être étudiés, adaptés et améliorés. En particulier, l’utilisation de l’ombre du bâti — celles des murs et de toits opaques — ne doit pas être négligée : en milieu urbain, combinée à une végétation dense, y-compris sous forme de murs végétalisés, elle constitue une façon efficace de mettre les jardins au service du confort thermique des habitants des villes.


Notes :

  1. Lihua Cui, Shozo Shibata, Exploring climate-adaptive green-space designs for hot and humid climates: Lessons from Japanese dry gardens, Urban Forestry & Urban Greening, Volume 93, mars 2024
    https://doi.org/10.1016/j.ufug.2024.128207