Les conséquences de la pénurie sont graves pour la France

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2 min de lecture.  |  Publié le 15/04/2023 sur | Mis à jour le 15/05/23

Les robinets de l’extension et de l’intensification urbaines sont en cours de fermeture simultanée, pour des raisons artificielles que j’ai résumées dans le premier article de cette série.

Cette fermeture aboutit à une pénurie potentielle — déjà bien réelle dans certains territoires littoraux et métropolitains — de foncier constructible, alimentant des phénomènes de spéculation ; lesquels mettent les acteurs du logement dans l’incapacité de répondre aux besoins.

Avant d’en venir aux solutions, arrêtons-nous quelques instants sur les conséquences de ces pénuries et les raisons pour lesquelles elles sont graves pour la France, à court et moyen terme.

  1. Les premières victimes de la pénurie, laquelle induit la spéculation qui alimente la hausse des prix de l’immobilier ancien et neuf, sont les ménages modestes et les classes moyennes, parmi lesquelles les étudiants (dont certains dorment en tente ou dans leur voiture), les jeunes actifs et les familles, dont le pouvoir de location ou d’achat immobilier a fondu, et parfois même complètement disparu, précisément dans les territoires où ils ont trouvé ou pourraient trouver un emploi.
  2. Les employeurs publics et privés sont les victimes de second rang de cette pénurie : ils doivent augmenter les rémunérations de leurs employés (et donc les coûts des produits et services qu’ils proposent), non pas pour leur permettre d’améliorer leur qualité de vie ou rétribuer plus justement leur travail, mais pour compenser la hausse des prix de l’immobilier. Cette pénurie foncière, artificielle, est un boulet foncier attaché aux chevilles de toutes les structures de l’économie française.
  3. Dans certains secteurs, pour lesquels embaucher est devenu critique aujourd’hui — ils sont de plus en plus nombreux — les employés actuels et potentiels en arrivent ainsi au point où la question fatidique se pose : travailler vaut-il le coup / le coût ?
  4. Un emploi qui ne permet pas de financer une vie décente n’est plus un « emploi » : c’est un travail en sursis, une situation économique précaire.
  5. Une institution publique ou privée qui n’est plus en capacité de proposer des salaires qui permettent de vivre dans un logement confortable, et situé à proximité raisonnable du lieu d’embauche, n’est plus une « institution » : elle n’est plus pourvoyeuse d’un projet, d’une perspective collective à moyen terme ; elle n’a plus la capacité de construire et d’emmener une équipe dans une trajectoire créatrice de valeur, et positive pour tous ses membres.
  6. Un territoire qui exclut de son cœur ses propres forces vives n’est pas un « territoire »  : c’est un espace d’exclusion, qui divise plutôt que de rassembler, qui affaiblit ses institutions plutôt que de les soutenir.

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