Nouveaux logements : les virages canadiens et français

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3 min de lecture.  |  Publié le 01/12/2023 sur | Mis à jour le 17/01/24

Immobilier : le virage surprenant de l’Amérique du Nord

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Robin Rivaton | lexpress.fr

Le virage que prend l’Amérique du Nord en faveur du logement neuf est au moins aussi surprenant, vu d’en face, que le virage que prend la France vers une réduction volontaire de la production globale de nouveaux logements.

« Nous avons des étudiants qui commencent l’année au camping… nous aussi, malheureusement ! »
« Des salariés qui entament un contrat de travail en dormant dans leur voiture… Nous avons la même chose. »

J’ai récemment pu échanger avec Marie-France Lalonde, Députée de l’Ontario et Présidente de l’association interparlementaire Canada-France et Denis Trudel, Député du Québec, sur la crise mondiale qui affecte la production de logements et dont les conséquences sont violentes, au Canada comme en France, et sur les solutions qu’il est possible d’y apporter, notamment en matière de densification douce.

Canada : 3.5 millions de logements à produire d’ici 2030

Le Canada estime avoir besoin de 3.5 millions de nouveaux logements d’ici 2030 pour sortir d’une situation de pénurie dramatique, qui se transforme peu à peu en crise sociale. Le gouvernement canadien vient de mettre 4 milliards de dollars sur la table pour booster la construction en lien avec les municipalités qui doivent trouver les bons leviers d’action selon les territoires.

Comme le souligne Robin Rivaton dans les colonnes de L’Express :

 certaines formations politiques n’hésitent plus à faire du logement leur cheval de bataille .

 C’est le cas du parti conservateur canadien qui, après avoir été boudé par les jeunes, revient en odeur de sainteté grâce à ses positions favorables à la construction neuve. De son côté, la Maison-Blanche vient de dévoiler un plan de 35 milliards de dollars pour financer à 5% de taux d’intérêt des projets résidentiels de construction ou de conversion proches des transports en commun. Un virage historique. 

 La ville de Milwaukee (Wisconsin) a décidé de libéraliser son plan d’urbanisme pour passer de 600’000 à 1 million d’habitants. A Portland (Oregon), l’autorisation de construire jusqu’à quatre logements sur la parcelle d’une maison individuelle est accordée automatiquement. 

France : vers un déni de réalité ?

Un virage rendu possible par l’émergence, depuis quelques années, d’associations civiles YIMBY (Yes, In my Back Yard) qui fleurissent un peu partout outre-Atlantique, composées de riverains et citoyens soutenant la construction de nouveaux logements proches des centres et des transports, pour des raisons environnementales mais également en soutien à l’économie.

Mes interlocuteurs canadiens sont tombés des nues lorsque je leur ai résumé, hier, l’état actuel du débat en France : ou comment le consensus technique et politique qui était le nôtre il y a 10 ans, et qui faisait de la France un pays plus avancé que l’ensemble des États d’Amérique du Nord en matière de logement social et abordable, est en train de céder la place à une forme de déni de réalité sur la pénurie de logements, localisée géographiquement certes mais non moins réelle et dramatique.

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