La tension locative atteint des sommets à Paris et dans les grandes villes
Trois ans après les fantasmes d’un exode urbain qui n’a jamais eu lieu, mais qui a permis à bon nombre de grandes villes de pouvoir assumer — en toute quiétude — une forte réduction de la production de logements neufs, dans les territoires pourtant les plus tendus :
- Il faut aujourd’hui 6 mois pour trouver un studio à louer à Paris
- Les loyers montent, de 1% en Ile-de-France à 10% à Bordeaux
- La demande n’a jamais été aussi importante, avec la hausse des taux qui rend difficile l’accession à la propriété,
- l’offre de logements dans ces grands pôles d’emplois, bien desservis et équipés, n’a jamais été aussi insuffisante.
Des partis pris contre-productifs
Il faudra s’interroger sur les conséquences — et les responsabilités — de l’avènement de ces nouveaux « principes » qui, s’ils peuvent paraître vertueux, sont littéralement contre-productifs :
- Les besoins en logements à l’échelle du pays seraient de l’ordre de 300’000 par an et non de 500’000 comme on le croyait auparavant ! Stopper, ralentir, raboter les projets a donc été synonyme de vertu ces derniers temps…
- La densité urbaine, le fait de construire une offre de logement bien située, proche des centres ou des transports, n’aurait pas les vertus que l’on croyait (ah, ce fameux effets barbecue…) ! Arrêter de soutenir les efforts en faveur d’une délicate densification, qui se heurte frontalement au NIMBY grandissant dans le pays, a donc été, là aussi, synonyme de vertu…
- Remobiliser les logements vacants serait le levier le plus efficace pour améliorer la situation alors que l’on pensait, jusqu’ici, qu’ils étaient durablement vacants parce que situés dans des lieux trop éloignés de tout. Ne plus construire en secteur tendu, là où c’est justement le plus difficile, est donc finalement apparu, aussi incroyable que cela puisse paraître, comme un acte courageux.
- Rénover serait toujours meilleur d’un point de vue environnemental que de construire du neuf, indépendamment de toute géographie, de toute considération pour l’aménagement du territoire, au point qu’il serait désormais possible de résumer l’urbanisme à des slogans du type « plus de sobriété », « rénover avant de construire », « arrêter de faire grandir les grandes villes », etc.
Il est encore temps de changer d’approche
Qui pâtit de cette indigence dont nous avons collectivement fait preuve ? Les plus modestes, les forces vives, les employés, les entreprises, les familles, les étudiants.
Les constructeurs, les artisans, les promoteurs, les aménageurs, les architectes meurent à petit feu sous nos yeux, sans que personne ne s’en n’émeuve !
En raison de ce paresseux (quasi) consensus dans lequel nous nous sommes collectivement fourvoyés ? Aurons-nous la lucidité collective de comprendre que nous récoltons ce que nous avons semé ?
De changer d’approche ?
D’arrêter de nous voiler la face ?
- Construisons ;
- Sauvons nos acteurs de la production du logement en France ;
- Faisons émerger une industrie de la rénovation ;
- Ne cédons rien pour que chacun soit bien logé, là où il en a le besoin.