Et si la forêt urbaine de demain ne dépendait pas tant des grands plans municipaux que des choix simples d’un propriétaire qui plante un arbre dans son jardin ? En France comme au Canada, la canopée qui rafraîchit l’air, absorbe le CO2 et abrite la faune, naît très majoritairement d’initiatives privées.
Une étude menée à Camrose1 (19’000 habitants) par des chercheurs du Tree Ring Lab de l’université d’Alberta, parue en octobre 2025 le confirme : les jardiniers privés créent jusqu’à 90% de la canopée
Jardiner nos villes pour le climat et la biodiversité : l’indice de canopée
urbaine et en assurent l’entretien quotidien.
1. Un bilan impressionnant
548 habitants interrogés ont planté en moyenne 6 arbres depuis leur arrivée, en ont retiré 2,7, pour un gain net de +3,4 arbres par jardin. À l’échelle de la ville, c’est une contribution bien plus importante que toutes les plantations publiques réunies. Un inventaire local montre même que 79% des arbres d’un quartier sont sur terrains privés.
2. Ce qui motive vraiment ? La beauté et le plaisir
Les résidents adorent la variété d’espèces (4/5) et veulent plus d’arbres (3,6/5) : ceux qui aiment la diversité plantent environ 30% de plus (rs=0,316). Les arbres embellissent le jardin (4,5/5) et augmentent la valeur de la maison (4,0/5). L’entretien perçu comme corvée (2,7/5) pousse à l’abattage, mais les nuisances sont rares (1,7/5). Surprise : la sensibilité écologique n’influence presque pas l’action : c’est l’esthétique qui prime.
3. La connaissance fait la différence
62% des jardiniers identifient bien leurs arbres : ils plantent plus (rs=0,171) et retirent aussi plus (rs=0,152)… mais pour remplacer par de meilleures essences. Un jardinage intelligent et optimisé.
4. Qui agit le plus ?
Les hommes (7,7 vs 5,3 arbres pour les femmes), les seniors, les propriétaires et ceux installés depuis longtemps (moyenne 14 ans). Locataires : seulement 1,2 arbre planté. Revenu et diplôme ? Aucun lien : il suffit d’un petit bout de terrain
Avoir un jardin ne devrait pas être réservé aux plus aisés
pour que l’envie de planter et de jardiner soit là.
5. La leçon à retenir
À Camrose, sans aucune obligation légale concernant les arbres sur les terrains privés, la canopée progresse grâce à la somme des gestes individuels motivés par la beauté et la valorisation des biens immobiliers, les bénéfices publics (climat, biodiversité) en découlent.
Et si, chez nous aussi, on misait sur ces jardiniers du quotidien
Nature en ville : les jardiniers urbains au secours de la biodiversité ?
? En partageant les grands jardins
Biodiversité en ville : le jardinier compte plus que la taille du jardin !
souvent occupés par des pelouses, on multiplierait les mains vertes… et les arbres en ville.
Notes :
- Luke H. Beattie, Greg King, Glen Hvenegaard, From private yards to public benefits: How human dimensions shape the urban forest in a small city, Urban Forestry & Urban Greening, Volume 112, 2025, 128948, ISSN 1618-8667, https://doi.org/10.1016/j.ufug.2025.128948