En France, densification et dédensification, mais aussi, croissance et décroissance, vont de pair.
La question de savoir s’il faut densifier nos territoires est sans doute posée dans un cadre trop large.
La densité
La densité : un amour inavouable ?
— le regroupement d’une part importante de la population et des activités dans des espaces limités — permet de réduire :
– l’étalement urbain
350 habitants supplémentaires sans étalement urbain : l’exemple de Vigoulet-Auzil
et l’artificialisation des terres
Partager son terrain : un moyen de limiter l’artificialisation des sols ?
,
– les kilomètres que nous parcourons
Urbanisme organique : réduire nos budgets déplacements et logement
en voiture pour aller travailler, faire nos courses, emmener les enfants à l’école, se cultiver…
Ceci étant dit, il n’en demeure pas moins que tous les territoires habités ne pourront pas se densifier simultanément.
Il est très important, je crois, pour comprendre l’occupation du territoire qui est en train d’émerger dans le pays, de se poser la question de la géographie de la demande.
Je travaille, avec les équipes de Villes Vivantes, à peu près partout en France.
Et nous sentons bien, avec les élus de tous les territoires, qu’il y a des lieux où il y a une demande de densification claire — avec plus d’habitants qui souhaiteraient y habiter que de possibilités concrètes de les accueillir — et d’autres lieux qui connaissent la situation inverse, comme ce petit village des Vosges qui a perdu 75% de sa population en 150 ans, dans lequel nous avons accompagné un jeune couple qui a acheté une grange pour la retaper et en faire un habitat de rêve.
Ce village, qui s’est dédensifié, représente pour certains un cadre de vie idéal.
N’ayons pas peur de la dédensification et de la décroissance, qui vont sans doute concerner une large part du territoire national dans les 50 années à venir.
En parallèle, d’autres territoires vont croître et se densifier. Et là encore, nous ne devrions pas avoir peur.
La somme de ces 2 peurs (de la décroissance, et de la forte croissance) font que nous cherchons, souvent de façon vaine et contre-productive du point de vue environnemental comme du point de vue social, à aller à l’encontre des dynamiques organiques d’évolution des territoires et des opportunités d’adaptation qu’elles portent en elles.
Nous ne devrions pas, je pense, rechercher, presque partout en France, un état utopique, qui n’existe que dans notre imagination, qui serait stationnaire.
Si l’on prend en compte les perspectives démographiques nationales, l’évolution globale du territoire sera minime. Mais cela ne veut pas dire pour autant :
1/ que certains territoires ne connaîtront pas de fortes croissances (la densification permettra d’y décarboner les mobilités) ;
2/ tandis que d’autres connaîtront de fortes décroissances (le plus faible nombre d’habitants qui y résideront fera que leur impact diminuera).
Ces 2 dynamiques, croissance et décroissance, portent en elles un potentiel de plus grande adaptation. Tâchons d’apprendre à les lire, pour les mettre à profit.