Face à la crise du logement
Etats-Unis : les règles qui ont créé une crise du logement sans précédent
qui touche les grandes métropoles, le mouvement YIMBY outre-atlantique convoque foncier et foi pour se faire de nouveaux alliés et parvenir à débloquer une vaste réserve foncière sous-utilisée…
Depuis quelques semaines, il soutient activement et fait campagne en faveur du Faith-Based Act for Homes (Affordable Housing on Faith Lands Act, Senate Bill 4 en Californie), une législation qui autorise les institutions religieuses et les établissements d’enseignement à but non lucratif à développer du logement abordable sur leurs terrains, sans être entravés par des restrictions de zonage spécifiques.
Ce modèle de dérogations ciblées permet de résoudre plusieurs enjeux, à la fois fonciers, économiques et sociaux :
– Optimisation du foncier en milieu dense : dans des centres urbains où le foncier se fait rare et coûteux, les terrains appartenant aux institutions religieuses constituent une réserve foncière sous-exploitée. Cette législation permet d’intégrer ces parcelles dans une stratégie de densification maîtrisée, sans artificialisation supplémentaire des sols.
– Une réponse à la crise financière des institutions religieuses : de nombreux lieux de culte peinent à entretenir leur patrimoine bâti face à la baisse de fréquentation et de dons. La valorisation de leurs terrains par la construction de logements abordables offre une double opportunité : garantir leur pérennité financière tout en répondant à un besoin social majeur.
– Lever les blocages réglementaires
La densification douce aux Etats-Unis progresse, pas à pas, sur le champ règlementaire
: comme pour le cas du California Environmental Quality Act (CEQA) qui est l’un des principaux freins à la densification en Californie. Cette loi adoptée en 1970 vise à évaluer l’impact environnemental des projets d’aménagement. Si son objectif initial était de protéger l’environnement, elle est aujourd’hui fréquemment utilisée pour retarder, voire bloquer, des projets de logement, notamment en zone tendue. Un cas emblématique est celui d’un projet de logements étudiants à Berkeley, où des recours fondés sur la CEQA ont conduit à l’annulation temporaire du projet en 2023, sous prétexte que l’université n’avait pas suffisamment étudié l’impact… du bruit généré par les futurs étudiants. Cette instrumentalisation de la loi ralentit la construction de milliers de logements chaque année. Le Faith-Based Act for Homes contourne cet obstacle en garantissant une approbation “de plein droit” pour les projets conformes aux normes de construction.
Au delà de la bonne idée qui permet d’activer le foncier d’institutions qui souvent peinent à porter des projets immobiliers complexes en zone dense, cette initiative interpelle dans sa façon de mettre en lumière des méthodes de conviction et de mobilisation bien spécifique aux mouvements YIMBY aux Etats-Unis :
– Se constituer des alliés de taille, dont l’intérêt va dans votre sens et qui partagent vos problématiques ;
– Jouer à fond la carte de l’abondance et de la générosité : il faut oser une dénomination telle que Faith-Based Act for Homes … sans parler de la campagne de communication associée (cf. visuel ci-dessus) !
Sérieux dans l’intention et déterminés dans le projet, ils se permettent une extravagance détonante ! Des méthodes qu’on peine à imaginer ici en France
Vers un Yes In My BackYard à la française ?
, mais qui font réfléchir … Should we all put a little bit more “faith in housing”? What about a HOLY BIMBY ?
