Comment la densification douce des tissus bâtis existants peut nous aider à préserver les terres naturelles

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2 min de lecture.  |  Publié le 15/11/2023 sur | Mis à jour le 15/11/23

Croisement du niveau de pression d’urbanisation et de la catégorie du nombre d’espèces vulnérables sur les points chauds de biodiversité en France métropolitaine. Source Patrinat 2023

Le « land sparing » pour diminuer la pression sur la biodiversité ?

Pression : événement ou agent (biologique, chimique ou physique) exercé par une source (dérivé d’une activité) pour produire un effet qui peut conduire à un dommage ou causer des impacts négatifs.

41 sources de pressions1 d’origine anthropique impactant la biodiversité ont été recensées, et 27 ont pu être cartographiées sur la base d’un carroyage normalisé de 10km par 10km à l’échelle de la France métropolitaine, dans le cadre d’un travail réalisé pour la Stratégie Nationale pour les Aires Protégées 2030 du Ministères Écologie Énergie Territoires.

Dans l’article « Cartographier les pressions sur la biodiversité : pourquoi et comment ? » paru en septembre dernier dans la revue Sciences Eaux & Territoires de l’INRAE2, Paul Rouveyrol et ses co-auteurs reviennent sur ce travail de méthodologie, de curation et de croisement de données pour comprendre l’impact des activités humaines, notamment l’urbanisation, sur la biodiversité. En voici quelques points saillants :

  1. L’urbanisation occupe la seconde place en termes d’impact négatif sur la biodiversité (la première position est occupée par l’agriculture intensive). En cause : l’étalement urbain (infrastructures et nouvelles zones urbanisées) qui entraine la dégradation et la fragmentation des habitats naturels3.
  2. C’est dans les secteurs à forte croissance démographique (autour des métropoles, dans le bassin méditerranéen et sur la façade atlantique) que la pression de l’urbanisation – de l’étalement urbain – est les plus forte : c’est là qu’il est urgent de trouver une voie pour stopper l’extension spatiale de la ville et préserver, de l’urbanisation, les milieux naturels.

En urbanisme comme en agriculture, land sparing et land sharing sont complémentaires

L’agriculture est une activité dont l’impact fort sur la biodiversité est identifié depuis des décennies. Elle a aussi contribué à forger des concepts pour limiter ses impacts à plusieurs échelles, de l’exploitation aux pratiques culturales, en distinguant le “land sparing” du “land sharing”, que nous pouvons transposer à l’urbanisation.

Préserver les milieux naturels de toute forme de pression anthropique est ce qu’on appelle “land sparing” : il nous faut épargner des espaces naturels. Pour limiter l’étalement urbain, nous devons travailler dans les espaces déjà urbanisés, en ménageant des espaces bâtis et en renforçant la place de la nature en ville. C’est ce que l’on peut appeler “land sharing” : le partage intelligent des espaces occupés par l’homme, mais dans lesquels il fait une place de choix à la nature, en devenant jardinier par exemple.

Si land sharing et land sparing sont complémentaires en agriculture, il le sont plus drastiquement encore pour l’urbanisation : nous ne pourrons épargner des milieux naturels de la pression de l’urbanisation (land sparing) que parce que, par ailleurs, nous organiserons une densification douce et raisonnée4 des tissus bâtis existants pour partager l’espace avec la nature (land sharing).


NOTES

  1. Le travail détaillé de cartographie des pressions sur la biodiversité : Croisement des enjeux de biodiversité et des pressions pour l’évaluation du réseau d’aires protégées métropolitain terrestre, de Léa SUAREZ, Marie-Caroline PRIMA, Paul ROUVEYROL ↩︎
  2. L’article « Cartographier les pressions sur la biodiversité : pourquoi et comment ? » de Paul ROUVEYROL, Marie-Caroline PRIMA, Olivia CHERRIER et Léa SUAREZ, Sciences Eaux & Territoires INRAE, septembre 2023 ↩︎
  3. Sur la définition et la cartographie des points chauds de biodiversité en France Métropolitaine : Lilian Léonard, Isabelle Witté, Paul Rouveyrol, Katia Hérard. Représentativité et lacunes du réseau d’aires protégées métropolitain terrestre au regard des enjeux de biodiversité. PatriNat (OFB-CNRS-MNHN). 2020, pp.81. mnhn-04248028 ↩︎
  4. Hanss, T., & Miet, PhD, D. (2024, January 11). La densification peut-elle être un levier pour améliorer la biodiversité ? https://publications.vv.energy/densification-biodiversite.html ↩︎

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