Notre propension au simplisme en urbanisme a une conséquence : de plus en plus, nous pensons pouvoir maîtriser complètement la ville et son développement, et nous pensons que seul ce qui est maîtrisé par la collectivité est vertueux.
En réintroduisant une grande dose de morale — en lieu et place d’une pensée politique et technique plus élaborée — nous avons de plus en plus tendance à revenir aux mécanismes intellectuels de l’urbanisme fonctionnaliste
Urbanisme organique : des effets rebonds positifs ?
des années 1930, qui simplifie à outrance notre compréhension de la ville ainsi que nos actions pour la planifier et la construire.
Pour les fonctionnalistes une ville est une machine. Très simple. Aérer et écarter les bâtiments les uns des autres est une action d’hygiène, donc bonne en soi. Séparer et opposer les fonctions, également, etc.
Mais une ville (un territoire), est un organisme vivant
L’urbanisme organique : dépasser l’opposition entre planification et spontanéité
.
Non pas qu’il faille essayer de dresser une analogie superficielle entre le corps d’un organisme biologique en particulier avec le plan d’une ville (cela fait partie des approches simplistes que nous devrions laisser au XXème siècle …) mais tout simplement parce qu’une ville est un artefact social, naturel, artificiel et culturel immense, coproduit tous les jours par des millions d’actions et de décisions humaines, ainsi que par les comportements et les stratégies d’adaptation de tous les êtres vivants qui la composent.
Une ville, c’est un écosystème d’organismes vivants. Un ensemble d’écosystèmes… une ville fait tout simplement partie du monde vivant.
En tant que telle, on ne peut pas revenir 100 ans en arrière et se dire : tout ce que la collectivité ne maîtrise pas, tout ce que les élus locaux et les urbanistes ne maîtrisent pas, est mauvais, tendancieux, suspect…
Et c’est pourtant bien ce qui est en train de se passer, dans les secteurs tendus
du territoire.
Quel que soit le bord politique de la majorité en place, j’entends tous les jours des maires et leurs équipes me dire qu’à partir de maintenant, ils souhaitent bloquer les projets
Jusqu’à quand nous entêterons-nous dans la politique du « dernier entré ferme la porte » ?
dont ils ne sont pas à l’origine, les projets qu’ils n’ont pas planifiés, ceux qu’ils ne maîtrisent pas.
D’où le succès de l’idée que la maîtrise foncière publique serait l’alpha et l’oméga de l’urbanisme de qualité.
En réalité, les initiatives habitantes, citoyennes
Urbanisme organique : faire plus et mieux grâce aux habitants
, celles de tous les acteurs du territoire, accompagnés par des professionnels aguerris
Créer de nouveaux métiers pour libérer le foncier constructible
, formés à leur art, peuvent produire des choses utiles, adaptées, intelligentes, adéquates, vertueuses et même nécessaires.
Y compris si on
ne les avait pas prévues comme telles au départ.
L’urbanisme organique
Urbanisme organique : la R&D systémique
, c’est celui qui parvient à réconcilier :
1/ le rôle très fort de la collectivité sur les infrastructures, les équipements, les espaces publics, la préservation de la nature et le gestion des mobilités,
2/ avec le rôle très fort des projets portés par les habitants et acteurs du territoire.
Lindy