Politique de rénovation mono-orientée vs service d’accompagnement sur-mesure
Comment avons nous pu concevoir, avec un particulier, un projet qui a permis d’accueillir 10 personnes tout en désimperméabilisant ?
Si on décompose les émissions de gaz à effet de serre des Français en faisant abstraction des styles, modes, et niveaux de vie des ménages, il est admis que le logement arrive à la troisième place (1/5ème des émissions) dont 62% pour se chauffer.
Sur ces bases, un consensus est solidement installé en faveur d’une rénovation énergétique massive du parc de logements, avec pour mètre étalon de la mesure des gains énergétiques et donc des impacts des politiques publiques le Diagnostic de Performance énergétique (DPE), obligatoire pour solliciter une subvention, louer un logement, ou le vendre.
Plusieurs études réalisées en France [1], États-Unis [2] et Allemagne [3], basées sur des enquêtes, avaient déjà souligné l’existence d’un effet rebond questionnant très fortement l’efficacité, et donc la légitimité de telles politiques publiques monodimensionnelles. Dans le prolongement, et sur la base d’un échantillon exceptionnel de 178 110 ménages, dont les revenus et la consommation énergétique liée aux énergies ont été appréciés grâce à des données bancaires, le Conseil d’Analyse Economique et le Crédit Mutuel Alliance Fédérale ont publié le 10 janvier 2024 une analyse [4] d’une ampleur sans précédent du décalage entre les consommations prédites par l’étiquette DPE et la réalité, déclinée par taille de logement et par catégorie d’étiquette.
Cette étude permet de mesurer la réalité et l’énormité de l’effet rebond :
Parmi les commentateurs de cette étude,
En résumé, la rénovation (uniquement) énergétique massive des logements, du fait des effets rebond, n’a pas d’impact à court et moyen terme sur la réduction des gaz à effet de serre, mais constituera “probablement” une alternative au pull over en cas de pénurie d’énergie…
La poursuite du confort individuel, au delà de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour laquelle il faudra manifestement trouver d’autres leviers qu’une action standardisée, est un objectif parfaitement louable, mais qui pose deux questions que nous ne pouvons plus contourner :
REFERENCES
[1] Sensibilisation des acteurs institutionnels à une approche élargie de la précarité énergétique, Denis Caraire, in PratiCité, 2010. [2] Do Energy Efficiency Investments Deliver? Evidence from the Weatherization Assistance Program, with Meredith Fowlie and Catherine Wolfram, in Quarterly Journal of Economics, 2018. [3] Daten und Trends der Wohnungs- und Immobilienwirtschaft 2019/2020, Axel Gedaschko, in Die Wohnungswirtschaft in Deutschland, 2020. [4] Performance énergétique du logement et consommation d'énergie : les enseignements des données bancaires, Astier, Fack, Fournel, Maisonneuve, Salem, in Focus, 2024.
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