63’000 logements indignes en Bretagne pour 23 rénovations en 2023

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2 min de lecture.  |  Publié le 28/11/2024 sur | Mis à jour le 05/12/24

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Le Télégramme | Environ 60’000 logements indignes en Bretagne

Hier, Le Télégramme et Ouest-France se sont fait l’écho de chiffres choc produits par la DREAL Bretagne et mis en avant par la Fondation Abbé Pierre.

Ce n’est malheureusement pas une surprise, et voici pourquoi :

1/ Les aides publiques à la rénovation vont ailleurs

Le mal logement recouvre des réalités très différentes (suroccupation, humidité, précarité énergétique, risque électrique, désordre en gros œuvre, parasites, défaut d’éclairement, locaux impropres à l’habitation, installations défectueuses…).

En revanche, l’action de l’Agence nationale de l’habitat, relayée par les collectivités territoriales et leurs partenaires, est concentrée sur un unique sujet : la rénovation énergétique (91% des 624’000 logements aidés par l’Anah en 2023 pour 2.74 milliards d’aides servies) avec des aides pour toutes les catégories de revenus, et 88% de rénovations partielles. Dans le même temps, les 13’400 logements financés indignes ou très dégradés étaient majoritairement vacants !

2/ Le repérage n’est pas fait ou laissé à l’initiative locale

Enquêtes, observatoires, visites dans le cadre du permis de louer, les initiatives de repérage, laissées à la main des collectivités volontaires, sont très inégalement déployées en France, et coûteuses en moyens humains mobilisés en partie à l’aveugle pour visiter des logements dont beaucoup sont décents. Dans le même temps, des sources disponibles immédiatement, et partout, ne sont pas utilisées (localisation des demandeurs de logements sociaux pour cause de mal logement, repérage des allocataires CAF dont le montant de loyer est calqué sur les droits ouverts).

3/ Les marchands de sommeil canalisent les prestations logement

Les allocations logements sociales et familiales servies par la Caisse d’Allocation Familiale dans le parc privé représentaient 8.4 Milliards d’euros en 2024 pour 3 millions de bénéficiaires, parmi lesquels nos concitoyens aux plus faibles ressources. Malgré des expériences ponctuelles, elles sont versées sans vérification systématique de la décence du logement, vérification qui serait aisée au moment de l’ouverture des droits via un certificat aux frais du bailleur.

4/ Les opérations exemplaires ne peuvent pas être passées à l’échelle

Montants de travaux supérieurs à 60K€ par logement, opérateurs spécialisés, montages complexes, procédures longues et contentieuses, les opérations exemplaires, de l’aveu même de ceux qui les mettent en œuvre, ne peuvent être passées à l’échelle.

5/La pénurie de logements

Parfois entretenue par les politiques publiques, la pénurie des logements conduit les ménages pauvres qui veulent accéder aux services et aux emplois de cœur de ville à arbitrer leur confort et parfois leur santé au bénéfice d’une localisation clé.

La production massive de logements abordables est donc la clé du passage à l’échelle dans la lutte contre le mal logement.

COMMENTAIRES

  1. Benoist dit :

    Enfin …! C.est tellement simple le reperage par les aides au logement que depuis 2002 personne ne le fait ! Merci de ce rappel !

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