Nous avons eu le plaisir, avec Amandine Hernandez, de découvrir Montréal et de rencontrer les acteurs du logement et de l’aménagement québécois lors de l’événement organisé par Vivre en Ville le 10 juin 2025. Plus de 500 élus, professionnels et chercheurs étaient réunis autour de la sobriété territoriale. J’y ai présenté le modèle BIMBY & BUNTI développé en France.
Voici 5 enseignements que je retiens de cette semaine riche d’échanges — sur fond de crise du logement, ici comme en France (je les survole ici, et vous propose de les approfondir un par un cette semaine).
1. Les 2 NIMBY
Not In My BackYard (NIMBY)
n’épargnent pas le Québec
Existe-t-il un peuple plus ouvert, chaleureux et accueillant que les Québécois ?
Et pourtant, la résistance riveraine aux projets y est bien réelle.
Le clivage générationnel se creuse : d’un côté des propriétaires installés, de l’autre des jeunes confrontés à la rareté du logement abordable.
Et pourtant, comme en France, un 2ème NIMBY vert
émerge, qui touche tous les territoires cette fois.
Après le NIMBY bourgeois, soucieux de préserver son entre-soi, apparaît le NIMBY écologique
, qui oppose densité et biodiversité, densification et végétalisation… des 2 côtés de l’Atlantique.
2. Autoriser est difficile mais ne suffit pas
De façon courageuse
Québec : la densification douce sur tous les fronts
, depuis mars 2024, la Loi 31, adoptée par le gouvernement du Québec, autorise partout dans la province
Québec : feu vert pour la densification douce !
, pour 5 ans, les unités d’habitation accessoires (UHA) — même en dérogation au zonage.
La Ville de Québec s’en est emparée en adoptant un règlement municipal en juin 2024 favorable aux UHA.
Résultat ? Un an plus tard, une dizaine de demandes déposées seulement.
Clairement, passer de l’autorisation à l’action suppose un accompagnement à la décision. Et c’est précisément le rôle des opérations BIMBY & BUNTI expérimentées par Villes Vivantes en France.
3. Le missing middle
n’est pas que morphologique : il est aussi économique
Entre les fortes densités des centre-ville et les maisons familiales construites en périphérie, il manque une offre de granularité intermédiaire.
Mais le vrai problème n’est pas seulement d’autoriser et de décider. C’est aussi de réaliser : au Québec comme en France, il est très difficile de rentabiliser un projet de promotion immobilière en dessous de 50 logements.
Si au XIXème siècle, les petites opérations étaient légion au Québec, elles peinent à trouver leur modèle aujourd’hui.
4. Accompagner l’autopromotion pour construire la filière de la fine granularité
C’est là que le BIMBY – BUNTI prend, à nouveau, tout son sens : aider les habitants à créer, rénover 1 à 10 logements sur leur parcelle. Cela suppose un accompagnement technique global, mais aussi un tissu professionnel adapté : des architectes, artisans, entreprises capables de travailler à l’unité pour des maîtres d’ouvrage particuliers.