Encore et toujours : la géographie, grande oubliée des débats et les études nationales sur les besoins en logements en France

Décryptages
Publié le 27/06/25
Mis à jour le 27/06/25
3min de lecture
Encore et toujours : la géographie, grande oubliée des débats et les études nationales sur les besoins en logements en France
CGDD/SDES 2025, Bertrand GAILLET

Infographie : Comment estimer les besoins en logements en France à l'horizon 2025 ?

Pierre-Yves LEGRAND a récemment commenté l’étude sur les besoins en logements neufs en France publiée par les services statistiques du ministère du Logement (SDES)

LAssociation OLOMA partage cette analyse et fait les observations complémentaires suivantes :

 Cette étude donne la possibilité de faire un calcul des besoins de construction neuve en additionnant les différentes estimations et en prenant pour certaines des positions sur les sujets spécifiques. 

 Il ressort de cette présentation que les besoins annuels sur la période 2020-2030 sont les suivants, en retenant le scénario central de population : 208’000 logements (évolution des ménages) + 26’000 logements (évolution résidences secondaires) + 11’500 logements (vacances ) +26’000 logements (transformation du parc) qui font donc 271’500 logements si l’on ne tient pas compte des besoins liés à la résorption du mal logement. A titre indicatif le document évoque le chiffre de 35’000 logements qui porte les besoins à plus de 306’000 logements. 

OLOMA remarque, à juste titre, que  ces 35 000 logements permettent d’éliminer le mal logement en … 40 ans.  Si l’on se donne au contraire 10 ans pour venir à bout de cette situation,  on arrive donc à un besoin de 271’500 + 112’000 soit environ 390’000 logements sur la période 2020-2030. 

 Sur cette période 2020-2027 la production (livraison) est déjà en moyenne de 365’000 logements. Mais la tendance est passée sous les 300’000 logements depuis 2 ans. L’année 2025 ne présente aucun signe allant dans le sens d’un redémarrage de la production… 

OLOMA exprime ensuite un point de vue que je ne peux que partager pleinement :

 Non on ne peut pas affirmer que l’étude du SDES dit qu’il ne faut que 208’000 logements pour répondre aux besoins : c’est oublier toutes les autres composantes des besoins, dont la réduction du mal logement. 

 Non, on ne peut encore moins affirmer qu’il ne faut que 133’000 logements à construire par an sur la période 2020 -2050. 

 Comparer dans un article 133’000 logements (valeur moyenne) et la production de l’année est tendancieux, oublier les autres composantes des besoins de logements (hors mal logement) est une erreur de raisonnement (63’000 logements par an) et gommer purement et simplement la résorption du mal logement est inqualifiable ! 

 La lecture de l’étude en question amène donc à minima à 306’000 logements par an, si l’on se satisfait d’une éradication du mal-logement en 40 ans, sans parler de l’impact des futurs réfugiés climatiques. 

Et j’ajouterais, pour ma part, le point fondamental de la géographie En matière de logement, la géographie dicte les besoins En matière de logement, la géographie dicte les besoins qui est toujours la grande oubliée de ces études sur les besoins en logement alors qu’elle structure de plus en plus les crispations et tensions politiques qui traversent le pays.

Tant qu’on ne prend pas en compte la géographie des besoins, et donc une quantité de besoin annuelle liée au fait que l’économie et les choix résidentiels des ménages sont mouvants sur le territoire, alors que les logements ne sont pas mobiles, on oublie le phénomène majeur qui crée les tensions actuelles avec des demandes très importantes qui sont très concentrées spatialement France : croissance et décroissance vont de pair France : croissance et décroissance vont de pair .

Ce ne sont pas seulement des besoins en  logement  mais des besoins en  cadre de vie  dont nous devons nous préoccuper.

Dans ce  cadre de vie Abonnement « invisible » : dans le coût d’un logement, combien pèse son emplacement ? Abonnement « invisible » : dans le coût d’un logement, combien pèse son emplacement ?  , il y a la demande, de plus en plus forte, de pouvoir faire une partie de ses trajets à pied, en vélo, ou via un TC efficace.

Or une partie significative du parc actuel de logement n’est pas localisée Comprendre les métropoles par l’accessibilité aux emplois Comprendre les métropoles par l’accessibilité aux emplois dans un lieu qui le permet.

Si nous voulons comprendre les tensions extrêmes que les marchés connaissent — avec les répercussions sociales que nous commençons à deviner — dans certains lieux précis du territoire, ne séparons pas le logement du cadre de vie global que le territoire offre à la population.

Ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de besoins partout, par ailleurs ; mais l’intensité de la demande, que l’on peut lire partiellement dans les prix, devrait être le point de départ de nos estimations des besoins en  logements .

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