Densification douce : les Français sont prêts pour le changement

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3 min de lecture  |  Publié le 26/03/2024 sur | Mis à jour le 23/04/24

Une maison et un jardin de 200 m² ou moins suffit, pour 67% des Français

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Marine Richard | immobilier.lefigaro.fr

67% Français se satisferaient de 200m2 de terrain ou moins

Ce chiffre est issu d’un sondage IFOP de mars 2024.

Si avec de telles aspirations, nous n’arrivons pas à offrir un jardin à tous ceux qui le souhaitent, en partageant les jardins des 20 millions de maisons existantes qui font 2 fois, 3 fois, 4 fois et même très souvent 5 fois cette surface, y compris dans les premières couronnes des métropoles, c’est littéralement, un comble.

Et pourtant, pas plus tard qu’hier, un habitant nous disait, las, que le maire d’une ville du cœur de la métropole bordelaise venait de lui indiquer que, sur une parcelle sur laquelle le PLUi autorise la construction de 2 maisons, il “préférait”, après avoir réfléchi, qu’une seule maison soit construite !

C’est bien connu : nous avons trop de logements dans Bordeaux Métropole. Une seule maison sur un grand terrain, chère, plutôt que 2 maisons plus petites, plus abordables, et correspondant mieux aux attentes et aux usages… marche-t-on sur la tête ?

Les Français, ceux qui ont besoin de bien se loger, pas très loin d’un bassin d’emploi et des services, sont en avance, ils sont prêts au changement : leurs attentes sont raisonnables, sobres, intelligentes, compatibles avec la fin de l’étalement urbain, la réalisation du ZAN et la culture quotidienne d’un petit bout de jardin à leur échelle qui contribue à renforcer la présence de la nature en ville.

« Repousser plus loin ceux que nous refusons d’accueillir ici »

Les PLU(i) et l’administration, certains riverains conservateurs qui ont oublié qu’eux aussi ont bien été accueillis, au moment où ils ont été autorisés à faire bâtir leur maison, et les élus qui subissent leurs pressions, sont en retard complet : ils repoussent « plus loin » ceux qu’ils refusent d’accueillir « ici » : car celui qui devait habiter la 2e maison qui ne sera pas construite en cœur de métropole, où devra-t-il aller, finalement, pour se loger ?

Des terrains de 200m2 pour une maison, correspondent à une densité brute d’environ 40 logements/ha, c’est-à-dire la densité moyenne du tissu d’échoppe que tout le monde s’arrache dans la métropole bordelaise.

Comme nous le voyons dans l’opération BAMBA conduite actuellement par Villes Vivantes à Clermont-Ferrand, certains habitants, pour des raisons de budget, mais aussi tout simplement de mode de vie, aspirent à des surfaces encore inférieures, entre 100 et 200m2 de terrain, parce que ceux-ci sont bien situés, à quelques minutes à pied du tramway.

Les habitants sont prêts à mobiliser le potentiel de densification douce des cœurs métropolitains, des cœurs et premières couronnes des villes moyennes mais aussi des bourgs de nos villages.

En secteur tendu, sous la pression des personnes déjà logées, les élus freinent des 4 fers à travers des PLUi ultra conservateurs et des menaces de refus qui vont au-delà de ce qu’imposent les PLUi.

Pour reprendre les mots d’Emmanuelle Cosse tenus en janvier au colloque Organic Cities :

« Comment en irait-il autrement quand ce sont les bien logés qui décident des critères du logement des mal logés ? »