Certaines formes urbaines offrent plus d’optionalité face au temps, aux évènements et aux crises, qu’elles soient économiques, sociales ou environnementales : pourquoi ?
1. La fine granularité
Fine granularité, optionalité et densification
autorise l’évolution incrémentale
Un tissu urbain à fine granularité, composé de petites unités foncières, autorise chacun à bâtir selon ses besoins et moyens, aujourd’hui et demain : il autorise un processus de transformation incrémentale.
Chaque parcelle évolue indépendamment, sans qu’une décision globale ne soit imposée à l’ensemble. Ce découplage entre liberté individuelle et transformation collective crée un potentiel d’adaptation remarquable.
Prenons l’exemple des centres-villes anciens. Ils ont traversé les siècles en absorbant de nouvelles fonctions. Une maison devient boutique, puis atelier, puis logement collectif. Cette plasticité est permise par la granularité fine des parcelles et l’autonomie des propriétaires.
A contrario, un grand ensemble ou une tour de bureau sont des formes rigides
: leur taille imposante rend coûteuse la transformation et, de fait, fige leur usage, au point qu’on envisage souvent la démolition.
Le coût économique, écologique et social de cette rigidité est considérable.
Alors, comment l’urbanisme peut-il augmenter l’adaptabilité, l’optionalité
L’optionalité, cette propriété qui nous permet de faire de l’imprévu un atout
et l’antifragilité
Antifragilité : saviez-vous que la densification douce peut être fragile ou antifragile ?
de notre cadre de vie ?
2. La division de terrain n’est pas ce que l’urbaniste du 20ème siècle en pense
N’ayons pas peur des divisions de terrain : de nombreux PLU limitent les divisions parcellaires, bloquant ainsi un processus d’adaptation fondamental. Si ce sont ces divisions qui affinent progressivement la granularité des tissus urbains, alors nous devons changer de regard sur leur nature et élaborer des règlements d’urbanisme qui s’appuient et nous permettent de faire effet de levier sur ces dynamiques, plutôt que de les bloquer.
Envisageons les opérations d’aménagement de demain comme la coordination de milliers de micro-interventions : abandonnons notre obsession d’urbanistes et d’architectes pour plans massifs et monolithiques, pour nous donner les moyens d’inventer un projet urbain souple et systémique, composé de milliers de transformations progressives, conduites à l’échelle de la parcelle.
3. L’archétype du tissu urbain antifragile, nous le connaissons tous : c’est le village
Il évolue par micro-projets, au gré des besoins et des opportunités.
Son développement n’obéit pas à un plan rigide mais à une somme d’initiatives qui, en respectant des règles, en répondant — par des projets conçus sur mesure — aux besoins spécifiques de ses habitants, finissent par dessiner une structure cohérente.
Demain, l’adaptation de nos territoires reposera moins sur des projets spectaculaires que sur des ajustements permanents.
A la façon du village
Réinventer et généraliser le village
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