Réforme territoriale : réconcilier bassins de vie et périmètres électoraux
Le questionnement récurrent sur la bonne organisation territoriale en France porte à la fois sur le nombre de niveaux de collectivités et sur la place de l’Etat.
Les territoires qui n’ont pas été touchés par les formes urbaines « massives » du 20e siècle sont déroutants, charmants, presque hors du temps.
On y trouve des bourgs, des hameaux, des fermes, quelques maisons le long de la route, en sortie de village.
Pas de « lotissement ». Pas d’ « immeuble ».
Chaque découpage parcellaire a une forme propre, une histoire, une fonction.
Chaque bâtiment est implanté pour lui-même, dans son contexte, côtoyant des arbres qui ont tous les âges.
Chaque maison, chaque grange renvoie, clairement, à un modèle culturel, architectural et constructif local, tout en nous montrant, clairement, ce que le « sur-mesure » veut dire en matière d’urbanisme, de paysage et d’aménagement du territoire.
On perçoit assez nettement que le tissu urbain s’est développé sans plan, sans tracé géométrique arbitraire, forcé : un tel niveau d’adaptation à la pente, à l’orientation, aux bâtiments voisins, à la végétation en place … ne s’obtient pas si la conception s’est faite trop à distance.
Ce que l’on observe surtout, c’est la façon dont le processus de croissance par étapes successives, découpage parcellaire par découpage parcellaire, bâtiment par bâtiment, touche par touche, a créé une forme de cadre de vie organique qui renvoie, à tous nos sens, une sorte d’harmonie qui ne distingue pas, ou qui distingue moins, le naturel de l’artificiel.
Les terrains, leurs limites et les bâtiments ont été assemblés comme on monte les éléments d’un mur en pierre sèche : les uns après les autres, dans un édifice où, à chaque étape, tout se tient ou presque, grâce à la compétence, l’attention, le soin dans l’exécution.
Dans la pratique, ce type de développement organique s’obtient par un travail impliquant très fortement :
Il se trouve qu’aujourd’hui en France, les conditions pour réinventer et ré-expérimenter ce type de processus de développement organique sont mieux réunies dans les villages que dans les secteurs plus urbains : c’est la grande leçon que j’ai tirée de mes 20 premières années d’exercice professionnel.
Pour autant, rien ne se fait tout seul : ce type de développement organique, qui a été remplacé par d’autres au 20e siècle, s’est arrêté dans le rural comme dans les grandes villes. Il est en pause. Il demande beaucoup de persévérance, de volonté et de compétences pour être remis sur pied. Et d’énergie.
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