L’amélioration de la performance énergétique des bâtiments est-elle la cause de leur surchauffe ?

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3 min de lecture.  |  Publié le 18/07/2022 sur | Mis à jour le 30/05/23

Canicule : et si on avait tout fait pour que ça continue ?

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Pascal Lenormand | incub.net

Vouloir résoudre des problèmes simples par des solutions simples, imposées qui plus est par des normes, ne nous fera pas beaucoup progresser, manifestement, dans l’art de bâtir les villes.

“Canicule : et si on avait tout fait pour que ça continue ?»

Le designer énergétique et co-fondateur du bureau d’études Incub’ Pascal Lenormand fournit dans un article une explication pédagogique en même temps qu’une introduction au design énergétique.

Voici quelques unes de ses conclusions :

  • «  Ce schéma très simple nous montre de quelle manière l’amélioration de la performance énergétique des enveloppes, comprise comme une tentative de réduction des besoins de chauffage, nous emmène très naturellement et logiquement vers l’apparition de surchauffes de plus en plus importantes. »
  • « Les bâtiments d’aujourd’hui et surtout les bâtiments les plus récents, très isolés, ont finalement peu de problèmes de chauffage mais que le revers de la médaille, c’est cette sensibilité nettement accrue à la surchauffe. »
  • « Même les autorités le reconnaissent, en écrivant par exemple dans le dossier de presse consacré à la RE2020 : « de nombreux bâtiments construits selon la RT2012 s’avèrent inconfortables en cas de fortes chaleurs, au détriment de leurs occupants ou usagers » ».

En tant qu’urbanistes, à quoi ces réflexions font-elles écho ?

Modéliser les bâtiments et les villes : une tâche (trop) ardue ?

Les bâtiments et les villes sont des problèmes complexes qui sont mal appréhendés lorsqu’ils sont modélisés de façon trop simple et sectorielle.

Jane Jacobs l’a très bien décrit dès 1961 dans le fameux chapitre « The kind of problem a city is » de son ouvrage The Death and Life of Great American Cities (1961, Random House, New York, pp: 428-448).

On ne peut comprendre la surchauffe des bâtiments sans s’intéresser à leur usage

En ne s’intéressant chacune qu’à un seul aspect du cadre de vie bâti – sans se préoccuper de l’usage et des usagers qui plus est – le développement des ingénieries du bâtiment et des villes conduit à ce type de contradictions… qui sont finalement évidentes pour les usagers au quotidien !

Et finalement, nos réalisations actuelles censées être « performantes » sont d’un niveau « technologique » inférieur (plus simpliste) à celles qui ont pu être développées dans l’histoire des villes er de l’architecture et que nous redécouvrons, progressivement, aujourd’hui …

Les solutions que l’on décrit souvent comme « non technologique » ou de « basse technologie », mais que je préfère considérer pour ma part, au regard de leur plus grande sophistication, de leur moindre simplification de ce qu’est un bâtiment ou une ville, et de leur plus grande durabilité, comme « technologique » et même plutôt de « haute technologie », même si, ou parce qu’elles sont souvent passives et consomment très peu de ressources et d’énergie.


Travaillons donc :

  1. sur l’usage (la sobriété au sens de « sufficiency », c’est-à-dire de la quantité suffisante, du non gaspillage)
  2. les solutions évoluées, inventives, sophistiquées, technologiques mais non simplistes, de l’art de bâtir les villes
  3. le design, c’est-à-dire la conception sur mesure et contextuelle combinant l’un et l’autre, l’usage et la technologie non simpliste !