Un pays qui souhaite limiter l’usage de la voiture, baisser ses émissions de gaz à effet de serre, arrêter l’artificialisation des sols.

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3 min de lecture  |  Publié le 13/01/2022 sur | Mis à jour le 23/05/23

Ce gigantesque village de marque et ses 100 magasins vont sortir de terre à 1 heure de Lyon

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Nicolas Zaugra | actu.fr, commenté par Jean-Claude Jancovici | linkedin.com

Cher Jean-Marc Jancovici, je me permets de nuancer votre propos et de vous proposer une autre explication sur les causes de ce type de projets.

Bien sûr, ce que vous décrivez est en grande partie vrai : les mauvaises habitudes du 20e siècle (extension urbaine, projets monofonctionnels, dans des sites accessibles uniquement en voiture, pour bâtir des temples de la consommation …) sont encore très présentes dans les esprits, les habitudes, notre « culture » de l’aménagement du territoire.

Mais il s’est produit, depuis le début des années 2000, un phénomène peu visible matériellement mais qui change la donne : les cœurs des agglomérations, et des grandes métropoles en particulier, ont gagné beaucoup d’attrait pour les habitants. Certes ils ont été réaménagés, mais ce sont aussi les mœurs et les aspirations qui ont progressé dans le bon sens : ce que montre l’évolution des prix de l’immobilier, c’est un regain très fort d’intérêt pour le déjà-là, l’existant, le cœur urbain déjà équipé, desservi, multi-fonctionnel, compact et dense : celui justement qui permet d’accéder à presque tour en vélo.

Aujourd’hui, ce sont précisément les règlements – plus que leur absence – qui empêchent les habitants et les activités de continuer à se regrouper dans ces cœurs urbains – et leurs abords immédiats – pratiquables en modes doux ! Et non l’inverse !

L’étalement urbain, la péri-urbanisation d’aujourd’hui sont la conséquence du NIMBY lequel est traduit dans des règles qui diminuent très fortement les possibilités de construction dans les cœurs et les premières couronnes des grandes villes dynamiques.

Ce sont ces règles, plus que l’absence de règles, qui projettent aujourd’hui à l’extérieur les activités comme ce village de marques. La Suisse a choisit depuis bien longtemps ce qu’elle autorisait sur son territoire (des emplois occupés par des français notamment) et ce qu’elle décidait de ne pas autoriser (leurs logements) : les cœurs des grandes métropoles françaises dynamiques, en avançant des arguments « écolos » le plus souvent, prennent le même chemin en diminuant, de façon délibérée, par des règles, leur capacité d’accueil d’activités et d’habitants…

On peut interdire l’étalement urbain : le ZAN (zéro artificialisation nette) est déjà un immense pas en avant réglementaire en ce sens.

Mais c’est surtout la face complémentaire de la question qu’il faut résoudre ; si on ne s’étale pas, il faut intensifier l’existant.

Et en même temps qu’on interdit la consommation foncière, il faut accompagner, déclencher, qualifier, opérer l’intensification de l’existant.

En commençant par l’autoriser (oui un peu de liberté dans le système).

Voici pourquoi la règle ne suffit pas et pourquoi elle peut même se révéler le principal facteur bloquant un phénomène vertueux déjà entré dans les mœurs et les aspirations d’une part significative de la population française : se regrouper pour vivre et travailler dans des espaces denses et compacts, praticables en vélo