La morale et l’urbanisme, ou le retour des années 1930 ?

Décryptages
Publié le 20/02/25
Mis à jour le 21/02/25
2min de lecture
La morale et l’urbanisme, ou le retour des années 1930 ?
David Miet

On ne peut pas penser, construire ni réguler une ville sans anticiper les effets rebonds Gironde : l’effet rebond engendré par la politique du « moins c’est mieux » Gironde : l’effet rebond engendré par la politique du « moins c’est mieux » de nos actions.

Or c’est malheureusement ce que nous nous attachons à faire, de plus en plus chaque jour, sans presque nous en rendre compte…

Comment en est-on arrivés là ?

En donnant tout simplement une place de plus en plus importante à la morale en urbanisme qui, progressivement,

> agglomère, autour d’un noyau idéologique, des recettes et des actions simplistes en leur donnant un statut vertueux,

> tout en remplaçant les raisonnements, les actions et les plans plus techniques, complexes et systémiques qui prévalaient jusqu’ici.

En un mot : la morale conduit à l’action simple. Elle est utile dans de vastes pans de nos actions, évidemment, mais en urbanisme, nous devons nous en méfier : car il n’y a rien de plus complexe qu’une ville, et qu’une politique du logement.

Dans la pratique, ne penser l’urbanisme qu’à partir de règles morales revient à revenir à l’urbanisme fonctionnaliste des années 1930.

A l’époque, l’hygiénisme avait servi de base morale pour justifier une simplification à outrance de la planification urbaine, et de l’idée même de ce qui constitue une ville.

Souvenez-vous :

– un espace >> une fonction,

– séparation des flux piétons et voiture,

– etc.

Heureusement, nous en sommes revenus !

Mais voici qu’aujourd’hui, 100 ans plus tard, le fonctionnalisme revient avec le vert S’opposer à tout projet de construction en invoquant systématiquement la défense de la biodiversité : l’arbre qui cache la forêt ? S’opposer à tout projet de construction en invoquant systématiquement la défense de la biodiversité : l’arbre qui cache la forêt ? qui prend la place de l’hygiène et qui tend à jouer le même rôle : une sorte de plateforme morale qui enrobe les réflexions et les décisions d’urbanisme dans une bulle à l’intérieur de laquelle (implicitement) planter, végétaliser et ne pas imperméabiliser :

1/ seraient des actions systématiquement vertueuses (ce serait de bonnes actions en elles-mêmes).

2/ seraient systématiquement opposées à d’autres d’action, d’apparence contradictoire, qui sont l’accueil, la construction et la densification (qui donc, par symétrie, en viennent quasiment à recevoir le statut de mauvaises actions).

Ces 2 points sont évidemment faux.

1/ Des recherches ont montré, par exemple, que le couvert végétal pouvait retenir la pollution de l’air en l’empêchant de s’échapper par le haut.

2/ D’autres recherches ont montré qu’on pouvait, à la fois, densifier et végétaliser plus Des parcelles à la fois très bâties et très plantées, ça existe ? Des parcelles à la fois très bâties et très plantées, ça existe ? , à petite échelle comme à grande échelle.

Mais surtout, on oublie un fait fondamental :

3/ Nos actions ont des effets au degré 1, puis au degré 2.

L’effet rebond devrait être la 1ère loi fondamentale de l’urbanisme : dans la mesure où une ville est un organisme vivant L’idée d’une maîtrise totale de la ville est dangereuse L’idée d’une maîtrise totale de la ville est dangereuse , agir localement sur un paramètre donné, fusse-t-il auréolé moralement, a des effets qui vont bien au-delà des effets de 1er ordre.

On en vient ainsi, comme l’illustre le titre de ce lumineux article de Sud Ouest, à penser que ne pas construire ici serait vertueux en soi, en omettant que ce sera, nécessairement, construire plus loin (en imperméabilisant plus).


Source : Daniel Bozec | sudouest.fr

Et si nous résistions à la tentation simpliste ?

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