On ne peut pas penser, construire ni réguler une ville sans anticiper les effets rebonds
Gironde : l’effet rebond engendré par la politique du « moins c’est mieux »
de nos actions.
Or c’est malheureusement ce que nous nous attachons à faire, de plus en plus chaque jour, sans presque nous en rendre compte…
Comment en est-on arrivés là ?
En donnant tout simplement une place de plus en plus importante à la morale en urbanisme qui, progressivement,
> agglomère, autour d’un noyau idéologique, des recettes et des actions simplistes en leur donnant un statut vertueux,
> tout en remplaçant les raisonnements, les actions et les plans plus techniques, complexes et systémiques qui prévalaient jusqu’ici.
En un mot : la morale conduit à l’action simple. Elle est utile dans de vastes pans de nos actions, évidemment, mais en urbanisme, nous devons nous en méfier : car il n’y a rien de plus complexe qu’une ville, et qu’une politique du logement.
Dans la pratique, ne penser l’urbanisme qu’à partir de règles morales revient à revenir à l’urbanisme fonctionnaliste des années 1930.
A l’époque, l’hygiénisme avait servi de base morale pour justifier une simplification à outrance de la planification urbaine, et de l’idée même de ce qui constitue une ville.
Souvenez-vous :
– un espace >> une fonction,
– séparation des flux piétons et voiture,
– etc.
Heureusement, nous en sommes revenus !
Mais voici qu’aujourd’hui, 100 ans plus tard, le fonctionnalisme revient avec le vert
S’opposer à tout projet de construction en invoquant systématiquement la défense de la biodiversité : l’arbre qui cache la forêt ?
qui prend la place de l’hygiène et qui tend à jouer le même rôle : une sorte de plateforme morale qui enrobe les réflexions et les décisions d’urbanisme dans une bulle à l’intérieur de laquelle (implicitement) planter, végétaliser et ne pas imperméabiliser :
1/ seraient des actions systématiquement vertueuses
(ce serait de bonnes actions
en elles-mêmes).
2/ seraient systématiquement opposées à d’autres d’action, d’apparence contradictoire, qui sont l’accueil, la construction et la densification (qui donc, par symétrie, en viennent quasiment à recevoir le statut de mauvaises actions
).
Ces 2 points sont évidemment faux.
1/ Des recherches ont montré, par exemple, que le couvert végétal pouvait retenir la pollution de l’air en l’empêchant de s’échapper par le haut.
2/ D’autres recherches ont montré qu’on pouvait, à la fois, densifier et végétaliser plus
Des parcelles à la fois très bâties et très plantées, ça existe ?
, à petite échelle comme à grande échelle.
Mais surtout, on oublie un fait fondamental :
3/ Nos actions ont des effets au degré 1, puis au degré 2.
L’effet rebond devrait être la 1ère loi fondamentale de l’urbanisme : dans la mesure où une ville est un organisme vivant
L’idée d’une maîtrise totale de la ville est dangereuse
, agir localement sur un paramètre donné, fusse-t-il auréolé moralement, a des effets qui vont bien au-delà des effets de 1er ordre.
On en vient ainsi, comme l’illustre le titre de ce lumineux article de Sud Ouest, à penser que ne pas construire ici serait vertueux en soi, en omettant que ce sera, nécessairement, construire plus loin (en imperméabilisant plus).

Et si nous résistions à la tentation simpliste ?
Lindy