Mon accompagnateur Rénov’ : un dispositif configuré pour massifier la rénovation énergétique ?

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3 min de lecture.  |  Publié le 12/01/2023 sur | Mis à jour le 24/05/23

Avec Mon accompagnateur Rénov’, le financement des aides publiques à l’amélioration de l’habitat est pour la première fois systématiquement couplé au financement d’une ingénierie d’accompagnement des porteurs de projets. La collectivité publique utilise l’accompagnement comme un levier pour faciliter le parcours des porteurs de projets, et ainsi déclencher plus de rénovations énergétiques. Mais cet objectif pourrait être déjoué par la nature des tâches demandées à Mon Accompagnateur Rénov’.

Dans un précédent article, nous avons vu que l’accès à un accompagnement individuel, dans toute la France, pour les porteurs de projets aidés, est une composante indispensable du soutien à la rénovation des logements privés.

“Inciter à la réalisation de rénovations énergétiques performantes ou globales”

Le décret du 22 juillet et l’arrêté du 21 décembre 2022 précisent le rôle des Accompagnateurs Rénov’, dont “l’objectif est d’inciter à la réalisation de rénovations énergétiques performantes ou globales“. La globalité et la performance des rénovations sont appréhendées à partir de normes et de plusieurs grilles d’analyse, au premier rang desquelles un audit énergétique.

Les travaux programmés doivent être conformes aux préconisations de l’audit, faute de quoi l’audit doit être remis à jour. Mon Accompagnateur Rénov’ délivre ainsi des préconisations prenant comme point de départ l’audit énergétique, quelles que soient l’intention et la motivation initiale du porteur de projet.

Cela évite de financer des projets partiels et des travaux dans des logements indignes ou non décents qui le resteraient au terme du chantier.

Le dispositif Mon accompagnateur Rénov parvient-il à multiplier le nombre de projets ?

En revanche son rôle de levier en matière de multiplication des projets reste encore à démontrer, dans la mesure où :

  • Les projets partiels, non aidés, sont pour certains ménages une première marche dans un itinéraire de réhabilitation phasée du logement ;
  • Le recours à l’accompagnateur porte sur des projets de rénovation énergétique, en laissant de côté d’autres projets, non éligibles aux aides (extensions, vérandas, redistribution, clos et couvert, assainissement) qui sont des ressorts de mobilisation des ménages et gagneraient à être complétés par une dimension de performance énergétique ;
  • La place des diagnostics techniques dans le cahier des charges de Mon Accompagnateur Rénov’, pourra conduire les opérateurs à privilégier le recrutement de profils plus techniques que sociaux et architecturaux.

Cela invite à mesurer de façon précise l’impact du dispositif en matière d’augmentation du nombre de rénovations énergétiques. Si le nombre reste stable, la priorité de l’Accompagnateur pourrait être de faciliter les premiers pas des porteurs de projet plutôt que leur demander d’emblée de faire tout le chemin.

En résumé, faire levier pour susciter le plus grand nombre de projets, avec des préconisations sur mesure, plutôt que d’appliquer des référentiels à taille unique aux seuls projets déjà orientés vers la performance énergétique.

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