La maison : l’opportunité rêvée pour inventer un urbanisme du sur mesure ?

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2 min de lecture.  |  Publié le 15/11/2023 sur | Mis à jour le 15/11/23

Ne passons pas d’un extrême à l’autre, d’une vision globalisante à une autre.

La maison individuelle, ses lotissements, ses quartiers pavillonnaires et leurs jardins…

Tantôt considérées par certains comme les grandes erreurs urbanistiques du 20e siècle, principaux responsables de l’étalement des villes et du mitage des territoires, règne de l’individualisme, symbole de la “France moche”, il n’aurait tout simplement jamais fallu les construire !

Mais voilà qu’il faudrait pour d’autres, aujourd’hui, les mettre sous cloche et les sanctuariser : poumons verts de nos agglomérations, espaces de respiration, immenses réserves de biodiversité, havres de paix !

Et si nous faisions preuve de raison, nous professionnels de l’aménagement du territoire, à propos de la maison, celle qui fait rêver les français depuis des décennies mais vis-à-vis de laquelle nous avons toujours eu du mal à nous positionner ?

Et si nous profitions de ce sujet qui nous échappe depuis longtemps pour revoir le cadre conceptuel trop “top down” de nos disciplines ?

Et si nous profitions de ces 20 millions de maisons et leurs jardins pour entrer dans un dialogue partenarial et massif avec ces millions d’individus qui occupent, possèdent et qui pour certain ont fait bâtir ces espaces ? Ces espaces résidentiels de faible densité que nous avons largement ignorés ces dernières décennies mais qui, tout d’un coup, semblent nous intéresser au plus haut point ?

Pour un urbanisme du sur mesure, qui se construise maison après maison

Ce que nous avons appris après 10 années, chez Villes Vivantes, à consacrer toutes nos énergies à ce sujet du devenir des quartiers d’habitat individuel, c’est :

1/ Que les potentiels d’accueil pour de nouvelles constructions, ou de renforcement de la biodiversité, d’une parcelle bâtie, d’une maison et son jardin, ne dépendent pas en premier lieu de facteurs techniques mais de facteurs humains, c’est-à-dire des facultés des habitants à :

  • s’entendre et prendre des décisions en famille,
  • porter des projets de construction,
  • consacrer du temps et de l’énergie au jardin.

Les “potentiels” que nous y voyons en tant qu’urbanistes sont abstraits. Les potentiels réels n’existent que parce qu’ils répondent à des besoins, des aspirations, des capacités propres à chaque foyer. Si nos analyses ont une vertu pédagogique pour prendre conscience des enjeux et de l’état existant, n’oublions pas qu’elles sont aveugles à ce qui constitue les véritables “graines de possibles” de ces espaces.

2/ Que penser à la place des habitants est une erreur : il ne faut pas seulement les concerter, leur demander leur avis, les interroger, mais aussi et surtout leur donner les moyens d’agir et de faire, de faire mieux, de mieux construire et de mieux jardiner, selon leurs projets.

3/ Qu’employer les outils traditionnels du projet urbain et de la maîtrise foncière sur ces espaces est inopérant.

Nous devons apprendre à construire un urbanisme du sur mesure, un urbanisme de service qui avance et se construit pas à pas, maison après maison, foyer après foyer.

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