La migration de l’Heptacodium
Son attractivité est spectaculaire, à tel point que nos voisins anglais le baptiseraient volontiers »arbre à bourdons".
Le Sapin Andalous (Abies Pinsapo)1 est un des nombreux sapins du pourtour méditerranéen, reliques du Tertiaire — un temps au climat moins rude — réfugiés dans les étages montagneux au dessus des chênes, là où un peu de fraîcheur et parfois de neige permet leur survie (fig. n°1).
L’andalous découvert
et décrit en 1837 est maintenant protégé des feux et du bétail, et est choyé — sur 8’000 ha — par les forestiers espagnols2 qui l’ont aussi délocalisé pour multiplier ses chances de survie dans les sommets où son futur reste à risques face à l’implacable mécanique climatique en cours 3 & 4.
Son histoire prit un premier tournant grâce à sa beauté : nos forestiers l’ont testé et oublié car trop branchu. Certaines expériences menées dans les forêts provençales laissent toutefois entrevoir certaines vertus, comme son excellente reprise à la plantation, sa résistance à la prédation du bétail et sa capacité de régénération du couvert forestier grâce à sa fécondité exceptionnelle5.
Par contre, les paysagistes en firent vite un de leur chouchou.
Vilmorin, dans son almanach Le Bon Jardinier de 1871, écrit:
C’est un arbre dont l’introduction a fait, on peut le dire, époque dans l’horticulture, et il est peu de jardins aujourd’hui ou l’on n’en rencontre au moins un spécimen. La régularité de son port toujours pyramidal, la teinte sombre de son feuillage, sa grande rusticité et son aptitude à réussir presque dans tous les sols, expliquent et justifient la faveur dont il jouit.
Diffusé partout dans le pays, il est particulièrement visible dans le Nord du Gers grâce à un pépiniériste exceptionnel — Mr. Delrieu, à qui Fleurance doit sa rue de la Pépinière —, formé alors à l’Ecole de Versailles, et si dévoué à la beauté des paysages.
Sa signature tient à son port : petit sapin de Noël (fig. n°2), puis progressivement grande et grosse colonne — de plus de 20 mètres — (fig. n°3) se couronnant in fine, avec des aiguilles en écouvillon (fig. n°4) et des inflorescences pourpres (fig. n°5) suivies de cônes érigés en candélabres (fig. n°6) …
L’élan de la fin du XIXème a depuis cessé, même si le grand bio-climatologue toulousain Henri Gaussen reparle de son intérêt au sein des résineux en 1937 dans son ouvrage Les résineux des Pyrénées françaises
6.
Il faut maintenant reprendre sa migration chez nous : elle aidera à sa survie7 et donnera aux paysages occitans un nouveau et beau marqueur répondant aux besoins et préoccupations du XXIème siècle.
Son histoire rejoindra celle du Gingko Biloba, si disséminé pour sa beauté, et quasi disparu du milieu naturel chinois.
Comme lui, il enrichira nos écosystèmes en souffrance, et fournira des résines à propolis pour nos abeilles.
Notes :
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