Comment ne pas réagir de façon virulente à une désinvolture scientifique et technique qui s’emploie à retourner le ZAN contre lui-même ?
Les conséquences de son application seraient catastrophiques.
Alors que la Cour des comptes éreinte les approches simplistes — bien que pétries de bonnes intentions — du DPE et de la lutte contre les logements vacants, la présentation du rapport Mieux connaître la qualité des sols : vers un diagnostic au moment des ventes ?
du 04/06/2025, à la Maison du Climat par l’Institut de la Transition Foncière, m’a tout simplement sidéré par son inconséquence manifeste, qu’aucun participant à cet évènement ne semble avoir relevée.
1. Un DPE des sols pour relancer l’étalement urbain ?
Évaluer les sols à l’échelle de la parcelle, sans tenir compte du contexte — grand paysage agricole ou jardin urbain — confond land sparing (préservation des espaces non urbanisés) et land sharing (cohabitation de l’homme et de la nature en milieu habité).
Alors que le ZAN nous exhorte à en finir avec l’étalement urbain et que nous sommes bloqués par un plafond de verre à plus ou moins 20’000 ha/an consommés depuis 2015, un DPE des sols qui contraindrait la densification va, mécaniquement, relancer l’étalement urbain.
Est-ce vraiment l’objectif du ZAN ?
2. Un DPE des sols pour finir de torpiller la densification urbaine et d’aggraver la crise du logement ?
Ce diagnostic obligatoire au moment des ventes ciblerait, selon les estimations de l’Institut de la transition foncière, 66% de parcelles en zones urbaines (cf. rapport, p. 31-34), là où les enjeux de préservation des sols sont secondaires, comme l’a rappelé Lionel RANJARD de l’INRAE. En focalisant l’effort sur les espaces déjà urbanisés, on freine la densification
La densification pour sauver les sols
là où elle est pourtant cruciale pour atteindre l’objectif de préservation des sols et répondre aux besoins en logement.
3. Un DPE des sols comme arme fatale du NIMBY pour préserver l’entre-soi ?
Les données publiées par le Cerema le montrent : depuis 2022, l’efficacité foncière, essentielle pour le ZAN, recule !
Elle est en réalité plombée par la vague massive mais silencieuse d’adoption de PLU et PLUi anti-densification, drapés de nouveaux motifs écologiques
. Un DPE des sols en ville offrirait une arme de plus à tous ceux qui instrumentalisent l’écologie pour bloquer les projets près de chez eux.
L’accès au logement pour tous est au cœur de la transition écologique.
Ignorer cette réalité, c’est s’assurer d’un futur rapport au vitriol de la Cour des comptes… sur les ravages du DPE des sols cette fois-ci.
Mais comment tous les acteurs présents à cette rencontre peuvent-ils ne pas réagir de façon virulente à une telle désinvolture scientifique et technique qui s’emploie à retourner le ZAN contre lui-même ?