Le débat sur les règlements locaux d’urbanisme doit avoir lieu
En France, L’émergence du sujet des règlements locaux d’urbanisme dans le débat n’a pas encore eu lieu.
Urbanistes : il est temps de nous réconcilier avec la maison (et avec les Français).
Certains voudraient nous faire croire que l’aspiration des Français à vivre en maison individuelle a tout simplement été construite
par des idéologues : elle serait fabriquée
de toute pièce, issue d’un marketing sournois et peu scrupuleux…
Dans ce cas, tout d’abord : beau succès ! Une telle pérennité dans le cœur de 4/5e de la population… serait une formidable prouesse.
Plus sérieusement : à partir de quand peut-on considérer qu’un tel niveau d’appropriation populaire crée un objet culturel en soi ? Une création dont les Français auraient le droit de s’estimer les tenants, les auteurs, sans qu’on les ramène à je ne sais quelle tutelle ?
Autrement dit : à quel âge se situe, pour les contempteurs de la maison, la majorité culturelle
des Français ?
Dans les faits, sur le terrain : tous nos villages ne sont-ils pas la somme — sédimentée, organique — de toutes les maisons construites par nos ailleux, et de celles que nous continuons d’édifier pour nous-mêmes ?
Il se trouve que nous — architectes et urbanistes — ainsi que nos commanditaires dans les ministères, avons vraiment édifié des projets utopiques — comme l’urbanisme sur dalle ou les grands ensembles — influencés par certaines idéologies qui ont traversé le 20e siècle. Des projets utopiques auxquels nous consacrons, chaque année, des milliards d’euros pour les défaire, car ils ont échoué.
Dans quelle mesure ne sommes-nous pas en train de projeter notre ressentiment, notre rancœur provenant de ces échecs, sur ce modèle qui, lui, n’a pas échoué ? Sur la maison qui produit — depuis plus de 150 ans — le logement abordable en France et dont la valeur affective demeure intacte dans le cœur des Français malgré toutes les vicissitudes de l’immobilier et de la construction ?
Comment des séries entières de ministres, et de nombreux professionnels, peuvent-ils continuer à répéter ces mêmes attaques à l’encontre de la maison alors qu’ils vivent, eux-mêmes très souvent, dans une maison ?
N’avons-nous pas été voyager dans d’autres contrées, sur d’autres continents, ne voyons-nous pas comment les villes et les villages ont été construits et comment ils continuent de se construire aujourd’hui ? Tokyo, la plus grande mégapole au monde, 35 millions d’habitants ? Des maisons, pour l’essentiel ! Jakarta, 30 millions d’habitants ? Des maisons, pour l’essentiel ! Le Vietnam et ses bientôt 100 millions d’habitants ? Des maisons, pour l’essentiel !
Ces maisons sont-elles toutes les mêmes ? Bien sûr que non. La maison est un artefact culturel aussi répandu qu’il a su montrer d’extraordinaires facultés d’adaptation.
Il se trouve que l’un des foyers qui alimente le syndrome NIMBY auquel nous faisons face dans notre difficile lutte contre l’étalement urbain réside… dans le fait que nous refusons de prendre la maison — et donc le village — comme l’outil principal de nos politiques de densification, alors qu’elle est la plus adaptée.
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