Antifragilité : saviez-vous que la densification douce peut être fragile ou antifragile ?

Décryptages
Publié le 05/03/25
Mis à jour le 07/03/25
2min de lecture
Antifragilité : saviez-vous que la densification douce peut être fragile ou antifragile ?
David Miet

L’antifragilité est un concept développé par Nassim Nicholas Taleb dans son livre Antifragile.

Il désigne la capacité d’un système, d’une organisation ou d’un individu à non seulement résister aux chocs et à l’incertitude, mais à en tirer parti pour s’améliorer et se renforcer.

Les systèmes antifragiles Antifragilité : éloge de la redondance Antifragilité : éloge de la redondance se renforcent lorsqu’ils sont exposés à des facteurs de stress, des chocs, de la volatilité, du bruit, du hasard, des erreurs…

Différence avec la robustesse et la résilience :

> Fragile : Se casse sous l’effet du stress (ex. un verre en cristal).

> Robuste : Résiste aux chocs mais ne s’améliore pas (ex. un rocher).

> Résilient : Absorbe le choc et revient à son état initial (ex. un roseau qui plie mais ne casse pas).

> Antifragile : Tire profit du stress et des perturbations pour devenir plus fort (ex. les muscles qui se renforcent après un effort).

Différence avec la robustesse et la résilience, en urbanisme :

> La robustesse = capacité à encaisser les chocs sans changement.

Ex. : un bâtiment parasismique est robuste parce qu’il peut supporter un tremblement de terre sans s’effondrer, mais il ne devient pas meilleur après un séisme.

> L’antifragilité = capacité à tirer profit des chocs pour devenir plus fort.

Ex. : une ville qui, après une catastrophe naturelle, développe de nouvelles infrastructures plus adaptées et améliore sa gestion des risques, est antifragile.

En résumé, un système robuste survit, tandis qu’un système antifragile évolue positivement grâce aux perturbations.

Application au cas de la densification douce La densification douce : mode d’emploi La densification douce : mode d’emploi  :

J’ai tenté de dessiner le diagramme ci-dessus pour analyser le cas de la densification douce sous l’angle fragile VS antifragile.

Le schéma est évidemment très sommaire et simplifie ce qui se passe en réalité. Mais il a le mérite de décrire 2 boucles complètement opposées.

Imaginons que de nouvelles constructions et divisions spontanées apparaissent. Elles n’étaient pas prévues, ni attendues, elles sont même plus audacieuses (plus denses) que ce qu’on voyait jusqu’ici : c’est l’aléa, le hasard, le choc…

La première boucle, la boucle de la fragilité, produit de la rigidité à partir de l’aléa initial : la collectivité va réduire les marges de manoeuvre, tenter d’empêcher le phénomène de densification spontanée. La pression (et les prix) vont continuer à progresser… à cause de la rareté. La cause de l’aléa va se renforcer. La réaction et la rigidité également, etc.

La deuxième boucle, celle de l’antifragilité, produit de la valeur à partir de l’aléa initial : la densification va être guidée, orientée — et non pas bloquée — vers les objectifs de la collectivité. La densification va créer de la valeur, elle va améliorer le cadre de vie existant. Les prix vont monter non pas à cause de la rareté, mais parce que le lieu se bonifie.

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